SaVoie de Femme : visite de la sénatrice Martine Berthet
SaVoie de Femme, association de Loi 1901, a vu le jour en 1977 et lutte contre toutes les formes de violences conjugales, qu’elles soient d’ordre physique ou/et psychologique. Elle compte aujourd’hui une quinzaine de bénévoles réguliers, formés, et quatre salariés représentant trois équivalents «temps plein». Jeudi 13 janvier, Armelle Devinant, présidente de l’association et Nathalie Garrera, directrice, recevaient Martine Berthet, sénatrice de la Savoie, engagée dans la volonté d’aider cette association qui souhaite se faire connaître dans tout le département et a déjà ouvert plusieurs lieux d’accueil, dont un à Chambéry où se trouve également son siège, à Aix-les-Bains, à Albertville ou encore à Saint-Jean-de-Maurienne, et qui a pour projet d’en ouvrir un à Bourg-Saint-Maurice. Cette visite a permis de faire un point sur la situation de l’association, ses missions et actions, et son besoin de partenariats.
«Madame Berthet nous accompagne depuis longtemps, régulièrement, nous soutient et nous aide beaucoup pour un certain nombre de démarches, que ce soit sur l’aspect financier, du développement du réseau, etc. C’est une coopération qui fructifie au fur et à mesure et qu’on apprécie beaucoup» confie Armelle Devinant.
Actions et missions
Selon Martine Berthet, «le travail fait par l’association est formidable et essentiel».
SaVoie de Femme est engagée dans le soutien et l’accompagnement des victimes afin de les aider à rompre le silence et le cycle de la violence et leur permettre de retrouver une estime d’elles-mêmes. L’association n’est pas un lieu d’accueil d’urgence, elle propose un accueil téléphonique et un accueil de jour anonyme et gratuit, où les femmes peuvent bénéficier d’une écoute bienveillante, d’un accompagnement dans les démarches tels que les dépôts de plainte et une orientation vers des professionnels, que ce soit des médecins, psychologues ou des juristes. Des entretiens individuels peuvent être organisés avec des intervenantes sociales, et plusieurs fois par mois, des ateliers individuels et collectifs sont proposés : sophrologie, relaxation, massages, groupes de parole, etc. Elles peuvent également y trouver un simple refuge pour se détendre, échanger et créer des liens.
«Notre mission est l’accueil de jour mais aussi la prévention. Nous sommes dans une phase de construction sur les projets ‘parentalité et enfants’, l’accompagnement psychologique, les interventions de sensibilisation, le maillage territorial et le travail sur les hébergements. Actuellement, nous mettons à disposition deux appartements sécurisés dans des lieux tenus secrets pour accueillir des femmes seules ou avec leurs enfants. Nous avons besoin de davantage de logements et sommes en train de travailler sur un projet en collaboration avec la Savoisienne» explique Nathalie Garrera.
SaVoie de Femme organise régulièrement des journées de formation et de sensibilisation auprès des professionnels qui peuvent être confrontés à ces problématiques, et intervient dans les lycées pour sensibiliser les jeunes.
Les membres de l’association travaillent également avec l’OPAC qui les a contactés afin d’organiser des séances de sensibilisation auprès de ses salarié(e)s, en sachant que les femmes victimes de violences conjugales font partie du public prioritaire pour accéder à un logement.
La mairie de la Biolle a récemment sollicité l’association pour organiser une formation pour des élus et des personnels de la commune et de Grésy-sur-Aix.
«C’est important, ce genre de formation à destination des élus et des agents territoriaux car il y a beaucoup de liens et de contacts avec la population» commente Martine Berthet.
Concernant le travail avec les enfants, l’association démarre une action, «La Cabane», dont le concept vient du Québec, qui propose à la fois aux mères et aux enfants de se retrouver pour parler de la violence, l’identifier, travailler sur les émotions, avoir la possibilité de s’exprimer librement, se mettre en situation de protection. Ces séances, de l’ordre d’une dizaine, seront animées par une intervenante sociale et des psychologues et proposeront un temps partagé et un temps où mères et enfants seront accueillis séparément. «On sait que sur les enfants, il y a des effets à long terme. Peu d’études ont été faites mais on peut dire qu’un enfant sur deux est susceptible de reproduire le comportement de l’auteur et un enfant sur deux est susceptible de reproduire celui de la victime, d’où l’importance pour l’enfant de pouvoir s’exprimer et prendre conscience de ce qu’est la violence conjugale» informe la directrice de l’association. 80% des femmes qui entrent en contact avec l’association sont des mères.
«Une fois par mois, l’association organise des entretiens de soutien à la parentalité avec une psychologue qui permet de les aider à se sortir de leur situation compliquée et de leur redonner confiance et toute légitimité dans leur rôle de femme et de mère» ajoute Armelle Devinant.
Selon les trois femmes, réunies dans les locaux de l’association, la société a aussi un rôle essentiel à jouer auprès des enfants pour leur apprendre ce qu’est une relation d’homme à femme et de femme à homme saine, équilibrée, équitable et juste. Elles rappellent que personne n’est à l’abri, cela peut toucher tout le monde, toute tranche d’âge, toute catégorie sociale et socioprofessionnelle. Sans oublier que les hommes aussi peuvent être victimes de ces violences, même si leur nombre est beaucoup moins important, et qu’ils sont bien évidemment les bienvenus au sein de l’association.
Fréquentation en hausse
Armelle Devinant indique que «la fréquentation continue d’augmenter. L’ensemble des appels téléphoniques, des entretiens et tout le travail qu’on fait avec le réseau, que ce soit les partenaires de la justice, de la police, de la gendarmerie, le Centre d’Information Féminin et Familial, la Sasson, et d’autres prennent du temps et sont nécessaires. On est passé de 2300 contacts en 2018 à 2800 l’année dernière et 2500 en 2020, malgré les conditions extrêmement dégradées. Cette augmentation, c’est aussi un rythme intense pour l’ensemble du personnel et on se dit que si on veut aller plus loin, c’est peut-être le moment de d’augmenter notre masse salariale pour avoir un intervenant complémentaire, peut-être quelqu’un en apprentissage». L’association n’a pas constaté d’augmentation importante durant le confinement et estime qu’elle est plutôt due au fait qu’elle est de plus en plus repérée, notamment grâce aux partenaires.
En 2020, 102 femmes sont décédées des suites de violences conjugales, 113 en 2021 et au 13 janvier, 4 féminicides étaient déjà déclarés pour 2022.
Soutiens et partenariats
En 2018, Martine Berthet avait organisé une réunion avec les acteurs dont la CAF, la CPAM et la MSA pour venir en aide à l’association qui, manquant de financements, avait failli mettre la clé sous la porte.
SaVoie de Femme a également fait appel à des fonds privés comme Etam et L’Oreal. Et depuis 2-3 ans, elle bénéficie du soutien de donateurs tels que les particuliers, via l’envoi de chèque ou la plateforme en ligne Hello Asso.
Armelle Devinant et Nathalie Garrera souhaiteraient plus de soutien de la part des collectivités, mairies et agglomérations, bien qu’elles aient constaté une évolution de la part de la mairie de Chambéry dont les élus de la mandature en cours semblent plus sensibles, sensibilisés et prêts à les accompagner.
Elles se réjouissent de la venue du préfet, l’année dernière, qui est venu rencontrer les membres de l’association : «Il nous a marqué son attention, son écoute, tout comme le nouveau directeur départemental de la police qui est également venu à notre rencontre».
Martine Berthet, lors de cette réunion, a proposé de rédiger un courrier adressé au président de la Fédération des Maires de Savoie actuellement organisée en 4 associations locales, pour suggérer une rencontre. Elle avait précédemment organisé une réunion avec le Département et certains maires afin de les sensibiliser : «c’est un sujet tellement important quand on voit toutes les violences conjugales et intrafamiliales qui ont explosé».
La présidente et la directrice de l’association ont également indiqué que la dernière analyse des coûts des violences au sein des couples date de 2012. Une étude réalisée dans le cadre universitaire, évalués à 3,6 milliards d’euros par an. Aucune autre n’a été réalisée depuis. Martine Berthet souhaite alerter le Sénat à ce sujet.
L’association, qui accueille 520 à 530 femmes par an sur l’ensemble du territoire, est en relais avec la Fédération Nationale Solidarité Femmes qui gère le 3919 au niveau du département.
Si vous souhaitez la soutenir : https://www.helloasso.com/associations/savoie-de-femme