SolReed répare les panneaux photovoltaïques défectueux

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La start-up incubée par le CEA veut devenir le premier acteur européen capable de prolonger la durée de vie des panneaux solaires présentant des pannes prématurées en les réparant. Elle travaille à l'élaboration d'un protocole de maintenance en vue de l'industrialiser et espère, à terme, créer une usine de reconditionnement.

Il faut montrer patte banche pour rentrer dans les entrailles de l'Institut national de l'énergie solaire (Ines), au Bourget-du-Lac. On comprend pourquoi : derrière ces murs, se joue l'avenir de l'énergie photovoltaïque. Y sont éprouvées les dernières innovations en la matière avant leur industrialisation.

Mercredi 27 mars, les équipes du CEA oeuvrant au sein de la plateforme recherche et innovation de l'Ines ont vu débarquer une flopée de journalistes de la presse locale et nationale, affublés de blouses blanches et charlottes. Ingénieur au CEA, Luc Federzoni, leur a décrit la batterie de tests opérés sur les panneaux photovoltaïques dans le cadre de leur parcours de réparation. C'est cet énorme pas en avant, rendu possible par la start-up SolReed, qu'il s'agissait de mettre en valeur ce jour-là.

Jusqu'à présent, les modules étaient recyclables pour 95% de leurs composants. L'énergie la plus propre étant celle qu'on ne produit pas, manquait un maillon dans la chaîne : la réparabilité pour prolonger la durée de vie des panneaux et augmenter la productivité des centrales solaires. Sujet pris à bras-le-corps par le CEA Liten, qui s'est vu confier deux missions par l'Etat : «L'innovation pour atteindre la neutralité carbone à horizon 2050 et son transfert vers l'industrie», rappelle François Legalland, son directeur.

La moitié des panneaux solaires en cours de recyclage pourraient être réparés

SolReed, co-fondée par Luc Federzoni et Matthieu Verdon, est incubée au CEA à travers son programme Magellan. Une vingtaine de startups au plan national, formant un binôme chercheur + entrepreneur, sont accompagnées trois à quatre ans, le temps de sécuriser leur démarrage. Heliup, au Bourget-du-Lac, a bénéficié du programme. L'entreprise spécialisée dans le développement de panneaux photovoltaïques ultra légers pour les toitures de bâtiments commerciaux et industriels connaît désormais une jolie croissance avec le projet de rapatrier sa ligne de production sur la future Zac 3 de Savoie Technolac.

SolReed aimerait connaître la même envolée. L'idée de départ est née d'un constat : la moitié des panneaux solaires en cours de recyclage pourraient être réparés. «En 2040, si on ne fait rien, on pourrait accumuler 6 millions de tonnes de déchets en Europe selon l'Agence internationale pour les énergies renouvelables», informe Luc Federzoni. Prolonger de 15 ans la durée de vie d'un panneau réparé éviterait l'émission de 1,8 tonne de CO2 par unité, en retardant son recyclage et en épargnant la fabrication d'un module neuf.

Outre l'aspect environnemental, les énergéticiens y voient l'opportunité de pallier les défauts de productivité de leurs centrales dues à des panneaux défectueux qu'il faut remplacer par d'autres, qui ne présentent ni la même dimension, ni la même puissance une fois leur stock de secours épuisé. Engie Green n'a pas hésité à se greffer au projet en fournissant 400 panneaux défaillants à partir desquels SolReed a pu mûrir sa solution. Avec 6 millions de modules (2 GW), Engie Green est le premier exploitant de panneaux solaires en France. Chaque année, il doit en remplacer 2 000, qu'il achète entre 50 et 200€ l'unité.

Vers la création d'une unité technique mobile tout en un

Encore faut-il détecter les panneaux défaillants parmi les milliers que compte une centrale solaire. Actuellement, la maintenance n'est pas optimale, reposant sur une surveillance visuelle et par drone, mais effectuée quelques fois par an seulement pour des raisons de coût. Cela engendre, une fois encore, des pertes de productivité : un manque à gagner estimé à 6 GW en 2023 en Europe.

SolReed ne travaille pas uniquement à la seule réparabilité des panneaux mais bien à la mise en place d'un cycle complet de maintenance démontage/diagnostic/réparation/remontage en créant une unité technique mobile tout en un, sans quitter la centrale solaire. La question de la rentabilité du process étant capitale. Des opérations de R&D pour affiner l'identification et le diagnostic, passant notamment par l'alimentation d'une base de données alors qu'il existe des centaines de références de panneaux, occuperont l'équipe ces prochains mois.

Les premiers tests sont fructueux : «99% des panneaux traités par SolReed ont retrouvé leur performance nominale», souligne Matthieu Verdon. Modules ainsi recertifiés, dont la durée de vie se trouve prolongée. L'objectif étant de passer par la suite à l'étape industrielle. D'ailleurs, SolReed nourrit l'ambition de créer à l'avenir une usine de reconditionnement de panneaux photovoltaïques en Auvergne-Rhône-Alpes. Une unité qui aurait toute sa place sur la future Zac 3 de Savoie Technolac, dédiée à l'industrie dans les énergies renouvelables...

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Le protocole est testé au sein de la plateforme de l'Ines, au Bourget-du-Lac. (©MFS)

 

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