Tirs de mortiers d’artifice, cocktails Molotov… Plusieurs attaques contre la gendarmerie
Depuis plus d’une semaine, le pays tout entier est confronté à des violences urbaines suite à la mort de Nahel, mardi 27 juin à Nanterre, provoquée par un tir de policier. Dans de nombreuses villes, des bâtiments ont été pris pour cibles : commerces, écoles, bibliothèques, mairies, maisons de quartier, commissariats, gendarmeries, etc. Un vrai spectacle de désolation aux quatre coins de la France, de la région et du département. A Rumilly, c’est la gendarmerie qui a été visée par diverses attaques dès le vendredi 30 juin dans la soirée. Retour sur ces faits marquants et sur leurs conséquences.
Vendredi :
D’importants débordements
durant la nuit
Le vendredi soir, des tirs de mortiers d’artifice ont affolé la population à plusieurs heures de la soirée et de la nuit (de 22h30 à 2h). D’abord pris pour des feux d’artifice festifs, l’information d’une attaque envers la caserne de gendarmerie s’est vite répandue dans les rues et sur les réseaux sociaux. Des riverains témoins ont décrit des scènes d’une grande violence, avec une trentaine d’individus tirant sur le bâtiment militaire. Une voiture a également été renversée et une autre incendiée, sur le parking à proximité du city-stade du Bouchet. D’importants moyens de protection et de sécurisation ont alors été mis en place avec une fermeture partielle de la rocade. Les gendarmes, accompagnés de renforts, ont dû s’équiper de casques et boucliers pour faire face aux attaques de mortiers lancés droit sur eux. D’après nos informations, les jeunes s’étaient réunis dès l’après-midi, sous le porche d’un immeuble faisant face à la gendarmerie.
Samedi : Instauration d’un couvre-feu pour
les mineurs et annulation des festivités
Dès le samedi après-midi, le maire Christian Heison a instauré un couvre-feu de 21h à 5h pour les mineurs non accompagnés de leurs parents ou représentants légaux via un arrêté municipal d’une durée de sept jours, potentiellement renouvelable. Sur décision du Préfet, les manifestations publiques prévues ce jour-là dans la ville ont été annulées pour des questions de sécurité, comme le concert tant attendu de l’Héritage Goldman organisé par le Rugby Club Savoie Rumilly (RCSR) et ses nombreux bénévoles (reporté au 26 août) ainsi que le gala de gymnastique organisé par l’Avant Garde Albanaise (décalé au lendemain après-midi). Dans la soirée, des renforts de forces de sécurité ont été engagés, avec la présence de la Police municipale durant les patrouilles, et de nombreux contrôles ont été effectués. Alors que la situation semblait s’être apaisée, avec également la présence sur le terrain d'adultes du quartier qui appelaient au calme, la situation a dégénéré à 2h15 du matin où un petit groupe bien organisé a pris d’assaut la gendarmerie avec le lancement de mortiers d’artifice et de cocktails Molotov sur les bâtiments dont celui des habitations des gendarmes et de leurs familles. Les jeunes ont rapidement été repoussés par l'engagement des militaires restés en alerte.
«Des agissements tout
à fait intolérables
et absolument
inadmissibles»
Dans une vidéo postée dimanche sur les réseaux sociaux et le site de la Ville, le maire Christian Heison s’est adressé à la population, «le ton est grave et sérieux aujourd’hui», devant la caserne de gendarmerie prise pour cible durant les deux nuits précédentes et au sein de laquelle une cellule de crise a été mise en place : «Durant la première nuit, des jeunes de Rumilly sont venus lancer des pétards et faire beaucoup de dégradations, d’ailleurs on voit quelques stigmates juste derrière moi, avec une agressivité extrêmement puissante». Le maire a ensuite fait référence à la nuit de samedi à dimanche, où les violences se sont reproduites avec «des agissements tout à fait intolérables et absolument inadmissibles (…) dans la volonté de nuire et de faire brûler le bâtiment».
Dimanche soir :
Une vingtaine de mineurs ramenés à la gendarmerie
Dès le dimanche soir, un important dispositif a été mis en place pour ramener l’ordre républicain, avec le renforcement d’une soixantaine de gendarmes. Le secrétaire général de la Préfecture David-Anthony Delavoët, est venu apporter son soutien aux militaires de la ville, qui malgré des personnels en permission ou en congé, étaient bien présents, ainsi qu’à leurs conjoint(e)s et enfants. Le colonel Benoit Tonanny, commandant du groupement de la gendarmerie départementale de Haute-Savoie et la chef d’escadron Marlène Gillet, commandant de la compagnie de gendarmerie départementale d’Annecy, se sont également rendus sur place aux côtés du lieutenant Jérôme Desmarchelier, commandant de la Communauté de brigades de Rumilly-Alby-sur-Chéran, avec lequel ils ont supervisé les opérations jusqu'au bout de la nuit, aux côtés de nombreux renforts des brigades du bassin annécien et des renforts spécialisés. Le quartier a été bouclé avec des contrôles aléatoires, les montées des immeubles où se trouvaient les «belligérants» ont été fouillées : des feux d'artifice, des mortiers d’artifice, des cocktails Molotov et engins remplis de boulons y ont été découverts. En application stricte du couvre-feu, une vingtaine de mineurs ont été ramenés à la gendarmerie pour y être entendus. Un rapport a été rédigé pour chacun d’eux, les parents ont été prévenus et vont écoper d’une amende. Les forces de gendarmerie ont ensuite patrouillé durant toute la nuit.
Lundi : Rassemblement citoyen devant
les mairies de France
Suite à l’appel de l’Association des Maires de France, Christian Heison a appelé les élus de la Ville et les citoyens à se rassembler dans le patio situé à l’arrière de la mairie pour un moment républicain afin de dénoncer ces violences urbaines.
En l’absence de l’édile, reçu le jour-même au Ministère de la Transition énergétique et de la cohésion des territoires où le projet de rénovation énergétique de l’école Léon Bailly a été mis en lumière (et bénéficiera d’une importante subvention de l’Etat), Daniel Déplante, premier adjoint, s’est joint à la soixantaine de citoyens présents, devant lesquels il a lancé un appel au calme, à la paix, et a exprimé son soutien à l’ensemble des forces de sécurité et de secours ainsi qu’aux services et agents municipaux tous mobilisés durant plusieurs jours. Revenant sur les attaques envers les gendarmes et leurs familles, le premier adjoint a conclu : «On ne peut pas tolérer ce genre de faits. La colère doit s’exprimer, mais pas sous cette forme-là, ce n’est pas possible ». De nombreux applaudissements ont résonné dans le patio, à quelques pas de la devise «Liberté, Egalité, Fraternité» inscrite au-dessus de l’entrée du bâtiment municipal.
Mardi 4 juillet, Christian Heison faisait partie des 200 maires de France, victimes des émeutes, reçus à l’Elysée par Emmanuel Macron. Cinq autres maires de Haute-Savoie étaient également présents : François Astorg (Annecy), Jean-Philippe Mas (Cluses), Sandro Pépin (Scionzier), Christophe Arminjon (Thonon-les-Bains) et Jacques Dalex (Faverges-Seythenex).
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Comme partout en France, les gendarmes ont été visés directement par les tirs de feux d'artifices et divers
projectiles. (© Gpt Gendarmerie Haute-Savoie)