Un club de valeurs et d’excellence sportive

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2021 restera comme une année à part et riche en émotions pour l’Entente nautique aviron, le club d’aviron aixois fondé en 1882, 3e club français en 2019, s’étant plus que jamais illustré en compétitions nationales et internationales avec une nouvelle génération de rameurs talentueux et performants lui assurant un avenir tout autant prometteur. À l’approche du centenaire du match Aix/Turin, ce samedi dès 9h30 du côté de l’avenue Daniel Rops, le vice-président en charge de la communication Thibaut Paulin et le conseiller du président Stéphane Bichet sur les événements, son oncle Gérard, se sont prêtés au jeu de l’interview dans les locaux du club dont les murs sont tapissés d’une multitude de fanions de champions de France et d’étagères et vitrines regorgeant de trophées accumulés depuis des décennies.

Quelle est votre histoire avec le club ?

Thibaut Paulin : Autant pour Stéphane que pour moi, il s’agit avant tout d’une histoire de famille. Stéphane fait partie de la famille Bichet, une grande famille de l’aviron aixois et même de l’aviron français puisque Marcel Bichet a été l’un des premiers entraîneurs de l’équipe de France d’aviron et a participé aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968. Stéphane est le fils d’Alain Bichet, frère de Gérard, qui a aussi entraîné, qui a été dirigeant et membre du comité directeur de la Fédération française d’aviron, avec même un passé de rameur en ayant été champion de France en skiff, en tant que barreur et en équipe de France en couple il me semble. Comme son frère et sa sœur d’ailleurs, Stéphane a intégré le club dans ce contexte familial, tout comme moi car mon oncle Patrick Dufour en était le trésorier. Un jour mon père m’a alors poussé à faire de l’aviron alors que je ne voulais pas à la base. Mais je m’y suis fait des amis et aujourd’hui je ne peux plus m’en passer, mon frère Guillaume étant aussi à l’ENA. Nous avons eu la chance d’avoir des anciens, des «sages» dirons-nous, qui nous ont mis le pied à l’étrier. Stéphane et moi sommes déjà rentrés à différentes dates au sein du conseil d’administration pour découvrir ce milieu, en prenant le temps de faire les choses au sein de cette «grande maison», sans vouloir tout révolutionner. C’est en novembre 2012 que nous avons voulu prendre la relève et apporter une nouvelle dynamique au niveau du club qui n’était pas dans le meilleur des états car en fond de 3e division. Avec une belle équipe de jeunes voire de très jeunes, car on retrouvait par exemple Valentin Vial aujourd’hui salarié au club, un socle de personnes étant là pour faire en sorte que cela fonctionne.

Depuis votre arrivée dans l’équipe dirigeante quels ont été vos axes de travail pour faire grandir l’ENA ?

Thibaut Paulin : Nous avons réussi à fédérer à nouveau avec l’objectif dès 2013 de pouvoir remettre la formation des jeunes au centre du projet du club, sans oublier pour autant le reste tels que la section loisirs ou l’aviron universitaire. L’aviron scolaire est ainsi devenu important à travers l’établissement de partenariats avec l’ensemble des collèges du bassin aixois et des lycées. Car on sait aujourd’hui que si un jeune veut faire de l’aviron à haut niveau, il faut qu’il s’entraîne 4, 5 à 6 fois par semaine. Depuis 1980, le collège Garibaldi a été le premier établissement avec une classe sport-études pour les rameurs mais nous sommes allés plus loin en allant voir le collège Jean-Jacques Perret, le collège du Revard à Grésy-sur-Aix et surtout le collège Lamartine qui a une vraie classe sportive aviron et permet à l’ensemble des jeunes soit de découvrir l’aviron par le collège, soit de s’inscrire en classe spécialisée pour bénéficier d’un emploi du temps aménagé. L’un des problèmes entre guillemets que nous rencontrions cependant à Aix-les-Bains c’est que nous étions un très bon club formateur jusqu’à la catégorie des minimes mais en ayant du mal ensuite à garder nos rameurs à partir de la catégorie des juniors, les jeunes partant en universités ou vers d’autres structures, d’autres clubs qu’Aix-les-Bains (Aiguebelette un temps, Chambéry, Lyon, Grenoble, etc.). Nous nous sommes dits que pour garder nos jeunes nous devions leur proposer un cadre semblable à celui d’un Pôle France.

C’est pourquoi nous avons créé un Pôle performance au sein de l’Entente nautique d’Aix-les-Bains qui donne aux juniors et seniors une qualité d’entraînement et des infrastructures adaptées.

Ceci est passé par le recrutement d’entraîneurs de très haut niveau, par l’investissement dans du matériel haut de gamme grâce notamment au soutien du groupe Valvital, un huit unique en France ayant par exemple été acheté l’an dernier avec le soutien également de la Ville. Bien entendu nous avons aussi souhaité parfois quand nous le pouvions héberger nos jeunes en réaménageant notre conciergerie grâce au concours de nos bénévoles.

Quelle place est occupée par les anciens rameurs du club dont certains ont porté bien haut les couleurs vert et rouge ?

Gérard Bichet et Thibaut Paulin : Parmi ceux encore au club nous pouvons citer Michel Montico, peintre attitré pour repeindre les pelles des bateaux et souvent là quand on le demande malgré son âge. Il y a aussi d’anciens rameurs qui ne sont même pas licenciés au club mais qui viennent quand on a besoin d’eux, quand on les appelle : Christian Descote, Louis Audenino, Jean-Pierre Mangelli, Charles Lognoz. Au plus haut niveau nous pouvons avoir une pensée pour Claude Pache qui nous a quitté il y a bientôt un an, en décembre 2020 des suites de la Covid-19, et qui avait terminé en quatre 4e des JO de Tokyo en 1964, mais aussi pour Achille Giovannoni qui participa quant à lui à deux Olympiades, aux JO de Londres en 1948 puis à ceux d’Helsinski en 1952 à l’issue desquels il termina quatrième de la finale en deux de couple aux côtés de Jacques Maillet. Plus tôt dans l’histoire du club, en 1924, nous avons eu la chance d’avoir le huit aixois champion de France et c’est l’équipage entier qui s’était rendu aux JO de Paris car telle était la règle à l’époque. Enfin il ne faut pas oublier Michel Guichet qui nous a quitté lui aussi il n’y a pas longtemps et qui était président d’honneur du club, ancien champion de France. Et Albert Martin qui a entraîné des générations de rameurs dont des champions de France. La petite anecdote sur lui c’est qu’il est le licencié qui fait le plus de kilomètres d’ergomètre en ramant chaque jour 40 minutes. En 2019 il totalisait 365 séances d’aviron en étant même venu le jour de Noël ! Aujourd’hui c’est la jeunesse qui prend le relais, nous pouvons raisonnablement pensé que nous devrions avoir un ou plusieurs représentants au JO de Paris 2024.

Le club, c’est un passé mais aussi un présent et un avenir. Pouvez-vous nous dire quels athlètes brillent actuellement ?

Gérard Bichet et Thibaut Paulin : Les anciens ce sont des gens de l’ombre sur qui nous pouvons toujours compter. C’est cela l’aviron aixois, sans eux nous n’aurions pas cette nouvelle génération de jeunes qui font des résultats. En 1984, Jean-Marc Bernard et Éric Plasse étaient devenus champions du monde juniors en Suède, avec l’équipe de France juniors en huit sans barreur. Cette année ce qui est formidable est d’avoir une championne du monde en la personne de Fleur Vaucoret, en deux sans barreur, alors même que le club était par le passé dans les derniers à accueillir des féminines et qu’officieusement l’Entente nautique aviron d’Aix est sans doute en 2021 le premier club français au classement féminin. Cela fait plaisir, le club est vivant. Des jeunes se sont vraiment investis comme les anciens en leur temps. Le train est toujours sur les rails et continue à avancer. Cette année ce sont 7 titres nationaux qui ont été remportés avec surtout dans la catégorie reine du huit les titres en seniors féminines, le plus convoité, en seniors mixtes, en cadets, en cadettes et en minimes garçons. La fierté que nous pouvons avoir c’est que les jeunes qui sont champions de France sont des jeunes que nous avons recruté en benjamins et en minimes à l’image de Baptiste Savaete, vice-champion du monde en quatre de couple poids léger masculin U23, et Fleur Vaucoret. La majorité de nos athlètes du Pôle performance sont Aixois. Parmi les belles histoires, il y a aussi celle de la reconversion sportive de Lise Bara, ancienne heptathlète de l’Athlétique sport aixois, qui a fait le choix il y a deux ans de basculer sur la pratique de l’aviron. En aussi peu de temps et en commençant à l’âge qu’elle avait (25 ans) il est déjà difficile de ramer à bon niveau mais elle tutoie en ce moment le très haut niveau en décrochant deux titres de championne de France avec le huit seniors mixtes et le huit féminin. Toute cette nouvelle génération n’en reste pas moins attachée à son club.

Pourquoi le jumelage avec Turin est-il si important à vos yeux ?

Thibaut Paulin : En 1921, la Ville d’Aix-les-Bains a souhaité mettre en jeu un trophée (le «Bambino») dans le cadre des bonnes relations qu’il y avait entre les clubs aixois de l’époque (le Rowing Club et le Club nautique d’Aix-les-Bains) et les clubs turinois. À Aix-les-Bains il y avait déjà un duel au Grand Port pour savoir lequel des deux clubs allait représenter la Ville lors du match, comme à Turin il y avait une rencontre pour départager les clubs. Puis le match Aix/Turin était organisé et n’a d’ailleurs jamais trop arrêté de se dérouler hormis pendant la guerre. Il a perduré mais en 2013 alors que l’événement s’essoufflait un peu, avec l’équipe de Stéphane Bichet nous avons recontacté l’ensemble des clubs turinois pour le relancer et c’est finalement la CEREA (Société Royale de Turin), premier club de Turin d’ailleurs à avoir participé en 1921, qui a répondu présent. Depuis des échanges réguliers se font, un jumelage ayant été officialisé pour aller plus loin dans la démarche à travers par exemple l’accueil de jeunes rameurs turinois en stages et la formation d’entraîneurs aixois chez nos amis transalpins, l’Italie étant l’une des nations phares de l’aviron mondial. Ce samedi 23 octobre, pour célébrer le centenaire du match Aix/Turin, il y aura tout d’abord la bénédiction des nouveaux bateaux acquis par le club par le Père Vincent Coutin, une tradition aixoise, puis dès 11h débutera la confrontation sur une distance de 2000 m entre le huit aixois et le huit turinois avec un départ au niveau de la plage du Lido et une arrivée à hauteur de la plage du Rowing. Remise des trophées et réception suivront avec l’ensemble des deux délégations et l’ensemble de la famille de l’aviron aixois, en présence d’anciens rameurs aixois ayant remporté le trophée. En après-midi, nous pensions aussi emmener les Turinois visiter l’abbaye d’Hautecombe où reposent des princes de Savoie et les derniers rois d’Italie.

Comment imaginez-vous l’Entente nautique aviron de demain ?

Thibaut Paulin : L’aviron aixois de demain est un aviron qui doit avant tout garder les mêmes valeurs. Des valeurs de solidarité, d’aviron pour tous, d’entraide intergénérationnelle. Il devra aussi être encore plus ouvert, aux jeunes, aux loisirs, aux scolaires, aux universitaires et aussi prendre davantage en compte la dimension de santé. La notion de performance doit aussi perdurer à travers le Pôle performance car il s’agit de l’image de marque du club. En résumé, c’est s’ouvrir à un plus grand public.

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Au centre, Stéphane Bichet, président de l’Entente nautique aviron d’Aix depuis novembre 2012 et à sa droite Thibaut Paulin, vice-président en charge de la communication. (ENA)

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