Un colloque national pour prévenir les noyades
Secours, professionnels du tourisme, de l'apprentissage de la natation, responsables de clubs sportifs ou d'équipements nautiques et pouvoirs publics ont réfléchi, le temps d'une journée, aux moyens à mettre en œuvre pour réduire le nombre de noyades, qui restent la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans. Cette journée nationale avait lieu à Aix-les-Bains.
Trois minutes suffisent pour être en état de mort cérébrale lors d'une noyade. En France, les noyades accidentelles représentent toujours la première cause de mortalité par accident de la vie courante chez les moins de 25 ans : 1480 noyades accidentelles ont été recensées entre le 1er juin et le 30 septembre 2021, dont 27% se sont soldées par un décès. Les enfants de moins de 6 ans sont particulièrement concernés (22%), et les seniors d'autant plus (41%). 47 % des noyades accidentelles ont eu lieu en mer, 26 % en piscine publique ou privée, 23 % en cours d’eau ou plan d’eau et 4 % dans d’autres lieux.
« Nos sauveteurs sont de plus en plus souvent sollicités car les gens se mettent en danger »
Pourtant, ces accidents sont faciles à éviter. C'était l'objet de la troisième journée nationale de prévention des noyades, co-organisée par le ministère des Sports et les délégations départementale et régionale académiques à la jeunesse, à l'engagement et aux sports, qui se déroulait cette année à Aix-les-Bains. Un « think tank » réunissant l'ensemble des acteurs concernés par les questions de sécurité et de surveillance des baignades ainsi que de l’apprentissage de la natation pour proposer des solutions et effectuer un retour d'expérience de ce qui a été tenté les années précédentes.
Depuis 30 ans, le service d'incendie et de secours (Sdis) de la Savoie surveille chaque été 33 plages sur les 44 ouvertes au public, de mi-juin à fin août, grâce à 104 sauveteurs. « Cette année, nous avons plus de difficulté à recruter ; c'est une tendance nationale. Cela nous place dans des conditions plus délicates mais nous disposons d'un effectif suffisant pour assurer le service prévu », indique le contrôleur général Emmanuel Clavaud, directeur départemental du Sdis.
En moyenne, le Sdis de Savoie réalise chaque année 200 interventions dont plusieurs consistent à extraire des personnes en train de se noyer. « Ce niveau d'activité reste stable en Savoie, mais nos sauveteurs sont de plus en plus souvent sollicités car les gens se mettent en danger. On évite des drames de plus en plus souvent », constate le contrôleur général Clavaud. La situation post-Covid n'y est sans doute pas étrangère : « Les gens ont envie de se lâcher, de ne pas être embêtés avec des consignes. »
Une noyade toujours multifactorielle
Une noyade est multifactorielle. « Un accident est toujours la conséquence d'une succession de petites choses. Les gens ne se rendent pas compte de la vitesse à laquelle un drame peut arriver. L'eau ne pardonne pas. »
L'eau demeure un milieu hostile qui nécessite humilité, même de la part des nageurs confirmés : malaise, coup de fatigue, crampes, courants, différences de température peuvent survenir à tout moment. D'où l'importance de ne pas partir seul ou du moins d'informer quelqu'un. Les personnes âgées elles aussi sont invitées à ne pas trop s'éloigner du rivage et à nager où elles ont pied. Les jeunes enfants requièrent une vigilance de tous les instants, y compris s'ils dotés de brassards. Les noyades en lac ou en piscine privée concernent bien souvent ce public. « Chez les adolescents, c'est plus compliqué : ils se sentent invulnérables et se mettent en danger », admet le directeur départemental du Sdis.
L'apprentissage de la natation dès le plus jeune âge reste le meilleur moyen de prévention, au même titre que la vigilance, le civisme et l'adoption des consignes de sécurité. Le ministère des Sports déploie cette année encore une campagne de prévention à la radio autour des week-ends les plus accidentogènes, des des spots audio et des vidéos à destination des jeunes parents et des seniors et des affiches aux abords les plages et sur les lieux de baignade.
Photo (crédit MFS) :