«Un début de mandat assez atypique et très exigeant»

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En cette période de rentrée scolaire et de reprise de bon nombre d’activités, Christian Heison, maire de Rumilly et président de la  Communauté de Communes Rumilly Terre de Savoie, fait un point sur les grands dossiers d’actualité, évoque les projets engagés et ceux à venir. Il dresse le bilan de ses deux ans de mandat et des huit premiers mois de l’année en cours, que son équipe et lui ont dû traverser sous fond de crises.

Quel bilan faites-vous de ces deux premières années de mandat ?

«Je peux dire c’est un début de mandat assez atypique et très exigeant. Nous avons cumulé plusieurs crises : une crise Covid majeure qui a fait quasiment la moitié du mandat, la crise de l’énergie liée à la guerre en Ukraine et ses problématiques actuelles, et la sècheresse qui a atteint le niveau de crise fin juillet. Cela n’a pas été un long fleuve tranquille : à partir d’un programme politique sur lequel nous avions été élus, il a fallu jongler et travailler en permanence pour continuer à le développer et l’adapter à la configuration et au contexte extérieur».

Où en êtes-vous des 70% de projets du mandat au moins lancés en début d’année ?

«Nous referons un point en fin d’année, mais ce que je peux dire, c’est que le compteur avance et ne s’est jamais arrêté. Nous sommes satisfaits car nous sommes vraiment au rendez-vous sur tous les sujets et les dossiers avancent, même si pas toujours au rythme souhaité par nous-mêmes et par la population. Aujourd’hui, au-delà d’avoir lancé ces projets, nous avons un calendrier de réalisation extrêmement visible».

Quels sont les grands sujets de la rentrée et les dossiers d’actualité ?

«Plusieurs sujets sont d’actualité, d’abord évidemment la rentrée scolaire, mais aussi et surtout la sècheresse qui est loin d’être terminée, contrairement à ce que certains pensent, l’énergie qui nous préoccupe tous de plus en plus, élus, acteurs du monde économique et habitants, et dont les coûts ne cessent d’augmenter depuis le début de l’année, l’aménagement du territoire et l’urbanisation avec l’augmentation importante du nombre de logements qui ne cesse d’accroître, et les problématiques liées à la circulation».

Comment s’est passée la rentrée scolaire ?

«La rentrée s’est très bien passée, avec la visite de la nouvelle inspectrice de l’Education Nationale. Nous avons perçu, dès nos premiers échanges, que nous avions des pistes de travail et de réflexions communes concernant l’organisation et l’avenir de nos groupes scolaires. Nous sommes vraiment sur un terrain favorable pour travailler ensemble de façon efficace : nos équipes enseignantes sont toutes présentes au bon endroit, ce qui n’est manifestement pas le cas partout. L’impact des premiers chantiers effectués sur l’ensemble des écoles a fait son effet en terme de visuel et de ressenti, que ce soit au niveau des équipes enseignantes, des parents et des enfants eux-mêmes. « Nature en ville » commence à montrer ses effets et nous allons continuer de nous occuper des extérieurs, car c’est encore très minéral et artificiel. Nous avons également énormément de travail à faire à l’intérieur des établissements car nous nous sommes aperçus que les groupes scolaires d’une manière générale avaient besoin d’un effort très important dans les 3 à 5 années à venir pour des économies d’énergie.»

Faut-il encore s’inquiéter de la sècheresse ?

«Nous sommes toujours en période de sècheresse et en position de crise au niveau du département : l’arrêté préfectoral est toujours en vigueur. Nous continuons de pomper sur nos réserves et nos nappes phréatiques, sur des réserves que normalement nous ne devrions pas toucher et nous en ressentons les impacts. Les précipitations qui sont arrivées ont fait grand bien à la végétation mais cela n’a pas été suffisant pour nos réserves. Nous attendons donc beaucoup de pluie pour les jours et les mois à venir. Mais même si la pluviométrie est au rendez-vous, la situation ne devrait pas s’améliorer avant fin octobre début novembre. Nous sommes très vigilants, nous lançons des alertes régulières de restriction auprès de la population bien que la consommation domestique ne représente que 55% de notre consommation globale sur le territoire. 45% sont issus de l’activité économique. Nous avons des entreprises à forte consommation d’eau, qui ont réduit leur consommation et certaines une partie de leur production, les obligeant à se séparer de grand nombre d’intérimaires. C’est donc extrêmement sensible, nous sommes obligés de dire aux gens «économisez de l’eau pour que nos entreprises puissent continuer de fonctionner» : cela peut paraître insensé mais c’est ça la complexité de la vie sur un territoire tel que le nôtre, ce mélange d’activité économique et domestique».

Comment gérez-vous la crise de l’énergie ?

«Depuis quelques semaines voire mois, nous essayons de voir comment baisser de manière très significative nos consommations de carburant, de gaz et d’électricité. Nos équipes travaillent en urgence, de manière très précise et ponctuelle, sur les économies d’énergie : nous avons commencé à réduire les éclairages publics dans certaines zones, notamment sur la rocade, sur les zones d’activité économique, et nous allons continuer dans certains lotissements. Nous entrerons bientôt dans la période de chauffage et plusieurs questions se posent : est-ce qu’on la décale ? Est-ce qu’on revoit la température ? Est-ce qu’on engage des travaux d’isolation prévus pour plus tard ?

En parallèle, nous avons lancé à la fin de l’année dernière un programme intitulé «Rumilly service public 2025» qui consiste à avoir une relecture de l’ensemble de nos pratiques et politiques à l’intérieur de la Mairie : comment nous travaillons aujourd’hui, comment nous pourrions travailler un peu différemment demain  pour que ça aille plus vite, pour que ça coûte moins cher en consommation et même en réduisant le temps de travail. Nous aurons en fin d’année des conclusions d’amélioration et d’évolution. Les ressources sont en baisse pendant que les besoins de la population augmentent en terme de services. Moins de ressources et plus de dépenses, nous voulons donc essayer de gagner en interne sur l’énergie et sur notre fonctionnement de travail, c’est vraiment cette reconfiguration et cette réadaptation de nos moyens que nous sommes en train de traiter  et que nous pourrons projeter sur le budget 2023».

Quel est le devenir des 90 000 m2 de surfaces couvertes que possède la Ville ?

«La Ville possède 90 000 m2 de surfaces couvertes mais selon le ratio au niveau national et au niveau local, nous sommes actuellement dans la capacité de réaliser une maintenance et un entretien réguliers sur 65 000 m2. Nous avons donc clairement trop de surfaces et nous devons réajuster notre capacité de bâtiments à la hauteur de nos missions, ce qui va passer par des choix politiques pour la préparation du budget de l’année prochaine. Nous nous sommes également aperçus que toutes ces surfaces dont la ville est propriétaire sont assez dispersées et l’avenir est certainement à des rassemblements de pôles. Nous avons organisé une réunion concernant Plastorex et nous avons des interrogations sur le gymnase du Château et le bâtiment que l’on nomme «Grand-Pierre», situé sur le terrain de la future recyclerie. D’ici la fin de l’année, nous validerons des hypothèses d’organisation très importantes et sans doute innovantes qui peuvent changer la ville, l’implantation des bâtiments et des services et des annonces majeures seront faites en début d’année prochaine».

Des constructions à tout va sont constatées par les habitants. Allez-vous freiner la cadence ?

«En cette rentrée, nous avons une véritable actualité sur l’aménagement du territoire et de l’urbanisation. La ville a écrit il y a quelques mois à la Communauté de Communes pour l’inviter  à réfléchir sur l’évolution de notre Plan Local d’Urbanisme Intercommunal (PLUI), voté au mois de février 2020, vu le constat de ses résultats établi au bout de deux ans : nous avons compté le nombre de permis acceptés et le nombre de créations de logements démarrées : la  tendance est très haute, trop haute, depuis 2018. Nous allons donc lancer en fin d’année la révision de ce PLUI. Pour cela, nous devons évaluer le nombre de logements dont nous avons besoin sur ce territoire pour les 5-10 ans à venir et quelle qualité et exigence architecturale nous  souhaitons. Un dernier élément sera capital dans cette révision : la récente Loi Climat et Résilience qui oblige la zéro artificialisation des sols d’ici 2050, avec un objectif de 50% de réduction sur dix ans. La ville devra se reconstruire sur elle-même. Nous n’aurons plus de développement de grosses opérations immobilières en dehors du périmètre urbain bien délimité que nous allons devoir définir clairement. Cela veut dire qu’une certaine urbanisation aujourd’hui autorisée hors de cette limite ne le sera plus et que nous serons amenés à créer un renouvellement urbain.

Concernant les permis de construire déjà acceptés, dont certains ne se mettent en route que 3, 4, 5 ans après leur validation, le rôle du maire est de vérifier que le projet est conforme au PLUI et à son règlement : il n’est plus un décisionnaire politique mais un acteur administratif qui doit confirmer la conformité du projet. Et en attendant la révision complète de ce PLUI, il se peut que certains permis ne soient pas conformes aux nouvelles orientations que nous allons définir».

En parlant de constructions, qu’en est-il du futur collège Le Clergeon, du futur parking en centre-ville et des futurs locaux de la Police Municipale ?

«La livraison du nouveau collège Le Clergeon, dont les travaux devraient durer deux ans, est prévue à la rentrée 2027 et nous sommes déjà sur les plans d’aménagement et de circulation autour. Concernant le réaménagement de l’actuel site, je ne souhaite pas qu’il y ait de logements, même si le module de logements des enseignants restera car il a été reconstruit et est tout neuf.  En tout cas, il n’y aura pas de barres d’immeuble, c’est une certitude. Il pourrait y avoir des équipements sportifs, de détente… Un projet sympathique de centre-ville.

Le calendrier prévisionnel de l’opération de création du parking en silo de 200 places en centre-ville, secteur Salteur, vient d’être établi. La première étape sera le lancement d’appel à candidatures en octobre 2022. Les premiers travaux devraient démarrer en mai 2024 pour une livraison en mars 2025.

Quant à la Police municipale,  un assistant à maîtrise d’ouvrage vient d’être recruté pur entamer la construction du nouveau bâtiment à côté de la gendarmerie, ce qui permettra d’optimiser le travail de coopération et de proposer un accueil unique pour les habitants».

Où en sont les dossiers sur les problématiques de saturation de circulation ?

«En cette reprise, c’est saturé partout. L’organe de diffusion de nos déplacements, la pièce maîtresse de notre organisation,  c’est la rocade, et lorsqu’elle a été construite il y a 40 ans,  il y avait moitié moins de population et quatre fois moins de transit.

En début de mandat, nous nous étions engagés à être au rendez-vous en terme de fluidité de la rocade, avec le traitement de deux intersections (au niveau du magasin Gamm Vert et au niveau du magasin Supeco). Les premières esquisses d’opérations d’aménagement de ces deux carrefours ont été présentées. Ces projets vont coûter chers mais sont nécessaires. Les travaux devraient commencer d’ici deux ans.

Le dossier du projet de déviation a été déposé au Département, une étude est toujours en cours :
celle de la Communauté de Communes sur les grands flux de circulation et celle plus globale du Département sur les zones à difficulté de circulation. La problématique de cette étude va vraisemblablement déboucher sur la réalisation d’un contournement mais la vision opérationnelle de cette liaison, si on peut la réaliser, est au minimum à une bonne dizaine ou douzaine d’années.»

La maison de santé verra-t-elle le jour ?

«Le projet avait beaucoup avancé en avril-mai car la structure lyonnaise, à qui nous avons confié la prise en charge globale et qui est propriétaire des murs, était en phase finale, en train de négocier les derniers coûts au m2. J’espère que tout sera rapidement ficelé et que nous ne serons pas contraints de revenir à une case départ car deux médecins généralistes, une structure liée à l’état cardiaque avec plusieurs médecins en vacation, un ophtalmologue, une dermatologue sont intéressés et une pharmacie est également dans l’attente d’intégrer  le rez-de-chaussée. La Ville va forcément mettre une date de terme de ces accords, a priori en octobre, car à un moment donné il faut soit avancer soit constater qu’on ne peut plus avancer. Nous avons vendu sous conditions et elles doivent être respectées».

Le projet de Véloroute avance-t-il ?

«Nous étions engagés, à la Communauté de Communes, à travailler très précisément sur les déplacements doux et concernant le projet de Véloroute,  nous avons les plans de la traversée de Rumilly et sommes en train de signer la convention de mise en œuvre avec la Région qui va réaliser l’ensemble de ces travaux. Tout l’aspect administratif règlementaire des trajets est totalement réglé. Nous devrions connaître la date d’arrivée de la première grue d’ici la fin de l’année».

Où sera construite la future piscine intercommunale ?

«Ce sujet sera  à l’ordre du jour du prochain conseil communautaire le 26 septembre, où l’un des sites envisagés sera décidé. Cela fait 12 ans que des études sont faites pour ce centre nautique et celle que nous avons lancée est enfin terminée. Nous avions émis la possibilité d’une reconstruction en lieu et place du site actuel ainsi qu’une implantation dans le secteur de la Base de Loisirs où deux terrains pourraient convenir : celui face au skate-park et celui en contrebas du parking. Quant à l’emplacement de l’actuelle piscine municipale, une école de musique intercommunale ou un conservatoire pourraient voir le jour. L’actuelle école de musique est municipale, et ce qui peut faire réfléchir à l’échelle intercommunale, c’est que l’accès à la musique est à des coûts différenciés selon l’endroit où l’on habite sur le territoire. Cette école de musique ou cet éventuel conservatoire n’ont-ils pas vocation à être intercommunaux pour permettre l’accès à la culture au même prix pour tous les habitants de la Communauté de Communes ?».

 En conclusion ?

«Au bout de deux ans, nous sommes au rendez-vous. Les projets que nous voulions lancer sont lancés, nous sommes en phase opérationnelle et sur certains nous sommes même allés plus vite que ce que nous aurions imaginé. Nous sommes au rendez-vous des grands enjeux et des grandes échéances de notre projet politique, tout en l’intégrant et l’adaptant au contexte pas facile. Je suis donc satisfait».

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