Un Grand Labo pour imaginer la montagne de demain
Le Grand-Bornand réfléchit depuis longtemps à la transition énergétique et à la diversification de son modèle économique. Après avoir engagé des actions concrètes en faveur du développement durable, la station-village va plus loin en lançant un grand projet de recherche inédit, en partenariat avec l'université Savoie Mont-Blanc. Objectif : définir collectivement une stratégie de développement soutenable, respectant la qualité de vie.
Ce n'est pas une surprise, simplement une confirmation. La fermeture des remontées mécaniques l'hiver dernier a pointé les projecteurs sur la dépendance des stations au modèle ski. Le dérèglement climatique force l'univers de la montagne à prendre son avenir en mains, à réfléchir à un autre modèle économique viable et à diminuer drastiquement son bilan carbone pour accomplir sa part à la lutte contre le réchauffement climatique.
Grâce à une identité forte, à ses 400 chalets anciens, à ses paysages bucoliques empreints de pastoralisme, Le Grand-Bornand fait partie de ces stations-villages de charme qui attirent le touriste en quête d'authenticité et d'un certain art de vivre. Les chiffres en témoignent : 45% des nuitées touristiques sont réalisées en période estivale et, l'hiver dernier, la station a connu des taux d'occupation parmi les plus élevés : 45% en moyenne, avec des pics à 70%.
Pour autant, la commune ne se repose pas sur ses lauriers. « La question de la transition, de la diversification n'est pas une nouveauté mais une continuité. Quel modèle économique mettre en place ? C'est la question que l'on se pose », confie le maire, André Perrillat-Amédé. Depuis plusieurs années, Le Grand-Bornand s'est engagé dans une démarche durable, au point d'avoir obtenu la labellisation Flocon Vert, « un outil de progression, pas un but en soi ». Quatre groupes de travail ont été constitués autour des thématiques mobilité, zéro déchet, implication dans la vie locale et sensibilisation à l'environnement.
Une chargée de mission développement durable recrutée
Depuis peu, la commune a embauché une personne en charge du développement durable qui intervient de manière transversale, Corinne Saltzmann. « A chaque fois que l'on monte un projet, la notion de développement durable revient. Si on veut que ce soit une préoccupation constante et qui ait du sens, il faut quelqu'un qui nous rappelle à l'ordre, ça demande du temps », justifie le maire. Cette embauche va de pair avec la mise en place d'une initiative unique en France, un projet de recherche mené en partenariat avec l'université Savoie Mont-Blanc : un Grand Labo à ciel ouvert pour imaginer la montagne de demain, transposable à d'autres stations. « On se donne les moyens de porter une réflexion. L'objectif est de maintenir une population active, de faire du village un lieu où l'on doit bien vivre, bien habiter, bien séjourner. Le tourisme est un moyen, pas une fin en soi. »
Ce programme de trois ans intègre 9 laboratoires, 35 chercheurs, 400 étudiants, deux chargés de mission développement durable et impliquera les acteurs et habitants du territoire, par le biais de rencontres, d'ateliers et d'événements, pour définir collectivement les orientations stratégiques du Grand-Bornand, entre qualité de vie et développement du territoire.
A travers ce grand projet d'étude, la municipalité entend fixer et respecter des objectifs chiffrés de la stratégie de développement économique, en maîtrisant la capacité de charge du territoire et « passer du toujours plus souvent reproché au toujours mieux aujourd’hui recherché ». Cette étude tournera autour de trois thématiques clés, sous l'angle du développement durable : la vie locale, l'agriculture et la biodiversité, et le tourisme. Cette démarche permettra à la commune de se doter d’indicateurs de pilotage fonctionnels et fiables pour l’accompagner dans sa prise de décision, et de tableaux de bord et d’outils pour permettre à la population et aux habitants d’intégrer les enjeux écologiques qui se posent au territoire.
Un budget de 2,4 M€ est nécessaire à la mise en œuvre du Grand Labo, porté à hauteur de 1,445 M€ par l'université Savoie Mont-Blanc et à 955.000€ par Le Grand-Bornand, avec un soutien attendu de la part de partenaires publics.