Un message contre l’oubli, pour un monde fraternel
Il fallait que la commémoration de ce centenaire de la signature de l’Armistice de 1918, qui mettait un terme à quatre années de combats sanguinaires, revête une solennité exceptionnelle. Et qu’elle rassemble, autour d’une cérémonie mémorielle, les générations qui tentent et tenteront de construire un monde en paix.
Durant deux journées particulières, Rumilly a porté les valeurs de tolérance et de fraternité, dans l’espoir d’une paix durable.
Tout a commencé depuis déjà plusieurs semaines, dans les établissements scolaires de Rumilly et des communes voisines où les élèves ont travaillé sur les causes, les circonstances et les conséquences de ce qu’on a bizarrement appelé la «Grande Guerre». Sur la vie des «poilus» comme de leurs familles. Et sur la nécessité de développer une culture de la fraternité dans un monde que l’on voudrait en paix.
De tout ce travail, les collégiens ont fait une exposition originale, en plein air. Dans la rue Montpelaz et sur la place d’Armes, ils ont affiché le résultat de leurs recherches, entre situation politique, évocation des acteurs de l’époque, soldats et généraux, personnages illustres ou anonymes. Et, sur les trottoirs, des messages de paix, écrits et illustrés à la craie…
«Des mots, des poèmes, des photos, pour dire la guerre, la paix, la réconciliation».
Une véritable communion
L’un des temps forts portés par les jeunes à l’occasion de ces commémorations, c’est sans doute celui qui, samedi soir, a rassemblé quelque 400 personnes (et beaucoup n’ont pas pu trouver de place !) au Quai des Arts. Une soirée à l’initiative du Comité de Jumelage et orchestrée par son président Jacques Chevalier.
«Vous n’êtes pas venus assister à un spectacle. Vous, jeunes et adultes, êtes là pour participer à une démarche», a-t-il lancé. «Nous sommes tous acteurs de cette pièce qui veut promouvoir la fraternité et la paix».
«La haine et les conflits ne vont pas disparaître de la surface de la terre d’un coup de baguette magique […] Aujourd’hui, si quelqu’un ou quelque chose peut réaliser cette utopie d’un monde fraternel et réconcilié, c’est bien vous, cette jeunesse présente ce soir, vous pour qui le jumelage fait partie intégrante de votre éducation, vous qui considérez qu’un jeune qu’il soit d’un côté ou d’un autre d’une frontière est avant tout un jeune qui vous ressemble», devait compléter le maire de Rumilly Pierre Béchet en présence des élus français et allemands.
Ont suivi deux heures de chants, musiques, discours, lettres de soldats français et allemands, textes et poèmes sur la guerre, la fraternité et la paix par les jeunes français et les jeunes allemands.
Et sur scène près de 120 choristes des trois collèges de Rumilly (Clergeon, Demotz et Chéran) dirigés par Cécile Darracq et Emilie Roche, l’orchestre d’harmonie, quelques solistes de l’Ecole de musique, le Big Band de Micheslstadt avec vingt musiciens et quatre chanteuses, dirigé par Markus Terck.
Des moments d’intense émotion à l’écoute des chants qui, de «Né en 17 à Leidenstadt» à «I will survive» ont porté une attention extraordinaire de la part du public, jusqu’à une véritable communion quand la salle debout et tous les choristes ont repris ensemble les couplets de l’Ode à la Joie de Beethoven, l’hymne européen.
Des symboles pour la fraternité
Le lendemain dimanche, il y avait beaucoup de monde devant le Monument aux Morts. D’abord pour la cérémonie officielle qui a rassemblé en un même hommage aux combattants tombés «au champ d’honneur» les élus de Rumilly et de Michelstadt, les maires des communes voisines, les soldats du 27e BCA, les sapeurs-pompiers, les anciens combattants, etc. Ainsi que les écoliers et les jeunes collégiens français et allemands, entourés d’une foule nombreuse.
Une cérémonie protocolaire, certes, mais qui a revêtu une émotion particulière lorsque, après le salut au drapeau, la lecture des messages officiels, les hymnes et le dépôt de gerbe, les deux maires, Pierre Béchet et Stephan Kelbert, à l’instar d’autres illustres dirigeants, se sont donnés l’accolade, symbole de la réconciliation franco-allemande. Ou à l’écoute du message de paix lancé par Kelly Grand, maire «jeune»… Entre autres interventions, avant une «Marseillaise» reprise en chœur par les enfants.
Et c’est peut-être ce petit poème, affiché sur la Place par Amandine et Camille, deux collégiennes parmi d’autres, qui peut le mieux, au-delà des «grands» discours des adultes, résumer l’esprit de ces cérémonies.
«C’est à notre tour
De rendre le monde meilleur
Ici, là-bas ou ailleurs
Que l’harmonie règne pour toujours».