Un thermalisme en berne face à un tourisme en pleine expansion

Aix Meublés vient de tenir son assemblée générale. Alors que les curistes peinent à revenir après la crise sanitaire, le nombre de touristes, a contrario, explose. Les loueurs de meublés n'ont d'autre choix que de s'adapter à ce nouveau scénario faisant la part belle aux courts séjours.

Prendre le pouls des loueurs de meublés revient à connaître l'état de santé du tourisme et du thermalisme à Aix-les-Bains. Il y a cinq ans, le tourisme générait 155 M€ de retombées économiques, dont 45 M€ directement liés au thermalisme. Depuis, le Covid est passé par là et a complètement rebattu les cartes : 10.000 curistes accueillis à Aix-les-Bains en 2020, 14.000 l'année suivante. Cette année, le nombre de curistes peine à franchir la barre des 20.000 alors que la jauge habituelle se situe autour des 29.000. Avec 30% de curistes en moins, le thermalisme ne repart pas. « Quelque chose s'est cassé », note l'adjoint au tourisme et au thermalisme, Michel Frugier. « Les curistes ne reviennent pas ou alors ils vont ailleurs. Heureusement, nos établissements thermaux investissent », complète le maire, Renaud Beretti. Pro BTP, qui accueillait 10% des curistes aixois, a même fermé, sans en informer qui que ce soit...

Pour les adhérents d'Aix Meublés, la qualité des soins, le manque de personnel, et la suppression de la carte d'hôtes n'arrangent rien à la situation. Un an après la fin de la gratuité des transports pour les titulaires de la carte d'hôte, la pilule ne passe toujours pas et plusieurs voix se sont élevées face à cette décision. L'adjoint a rappelé qu'Aix-les-Bains était, jusqu'à l'année dernière, la seule ville thermale et touristique à appliquer cette gratuité, parfois incomprise de la population, et que ce changement s'accompagnait aussi d'un service de transport amélioré. « Si on dispense des soins de qualité, si la ville est jolie, le transport, ça passera », estime Michel Frugier.

« Nous connaissons la plus forte croissance des lacs alpins »

Malgré un thermalisme en berne, les indicateurs économiques sont bons et la taxe de séjour génère désormais 1,1 M€ de recettes. Et pour cause, le nombre de touristes explose. « Nous connaissons la plus forte croissance des lacs alpins », se réjouit l'élu. Le territoire a enregistré un million de nuitées entre début mai et le 15 octobre. « Nous avons connu une hausse de la fréquentation de 10% deux étés de suite, essentiellement portée par une clientèle française », signale le maire.

L'équilibre entre le tourisme et le thermalisme s'est inversé : le thermalisme représentait 60% de l'activité il y a 20 ans et moitié moins aujourd'hui. Face à ce désamour, les loueurs de meublés n'ont d'autre choix que de s'adapter, d'accepter de s'ouvrir aux courts séjours, voire de passer par les plateformes de réservation en ligne qui sont devenues le premier hébergeur de la station thermale...

« La modernité c'est bien, mais la proximité c'est mieux », juge Hélène Polymeros, présidente d'Aix Meublés. L'association regroupe plus de 300 loueurs de meublés, commercialisant 780 hébergements. « Nous devons nous différencier de ces plateformes par le contact humain. Le client est demandeur, il a besoin qu'on l'accompagne, qu'on l'informe, qu'on le rassure. » Mme Polymeros constate, non sans regret, que la chute de la fréquentation des thermes a contraint certains propriétaires à se tourner vers la location à l'année, voire à vendre leur bien. « Devant cette baisse d'activité, nous avons réagi, en diffusant à l'ensemble de nos adhérents les demandes de location de courte durée nous parvenant, émanant d'étudiants, de stagiaires, de travailleurs. »

Les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés, dit l'adage. Aix Meublés peine à se loger. Contrainte de quitter son local, gratuit, des anciens thermes, l'association, depuis, multiplie les déboires. D'abord relogée rue du Temple, elle a subi deux inondations. Désormais rue Boyd, elle doit s'acquitter d'un loyer élevé pour un « local sans confort » que le propriétaire reprendra au deuxième semestre 2023. Demain ne pourra être que meilleur...

1. Les propriétaires de meublés doivent s'adapter face à la baisse du nombre de curistes.

2. Aix Meublés recherche un autre local.