Un week-end entre espoir et frustration
C’était un week-end 100 % italien pour l’équipe de France d’aviron. Au nord, en Lombardie se déroulait la Régate internationale paralympique de Gavirate, traditionnel rendez-vous des athlètes handisport en vue des échéances de fin de saison, cette année les Jeux de Tokyo. Un peu plus au sud, à Sabaudia, c’est la troisième et dernière étape de la Coupe du Monde qui a été le théâtre de l’affrontement au sein de l’élite senior de l’aviron européen et asiatique. Une dernière répétition générale sans la présence des nations américaines et d’Océanie préférant faire l’impasse par souci de prudence sanitaire.
Louis Chamorand
au rendez-vous
Du côté des seniors, cinq bateaux français étaient engagés sur le bassin du centre d’entraînement militaire de Sabaudia. Au total, un peu plus de 300 athlètes étaient présents sur le lac Paola, à une centaine de kilomètres au sud de Rome, dans cette paisible ville côtière. Vingt-quatre nations étaient représentées pour en découdre sur les trois jours de la compétition. Sélectionné aux côtés de son coéquipier de Bergerac Téo Rayet, le rameur aixois Louis Chamorand a répondu présent face à des équipages pour la plupart en préparation pour le Jeux olympiques. La volonté de la Direction technique national était de confronter cet équipage U23 à l’élite mondial dans l’optique des Mondiaux U23 qui se dérouleront dans moins de quatre semaines. «En février dernier, les coachs nous avaient informé qu’ils nous engageraient sur la dernière étape de la Coupe du Monde si nous réalisions des Tests nationaux concluants» précisait le licencié de l’ENA. Le «jeune» binôme tricolore était également opposé au meilleur équipage français du moment, déjà qualifié pour sa part pour les Jeux : les frères Turlan. Grands favoris de cette Coupe du monde, les Grenoblois durent malheureusement déclarer forfait après leur dernière place en série des qualifications le vendredi. Un pic de fatigue non programmé leur imposant de stopper leur week-end mondial afin de ne pas mettre en péril la suite de leur saison.
Quatrièmes en série qualificative devant l’autre équipage tricolore, les deux U23 échouèrent de peu dans la course à la Finale A en terminant troisièmes des repêchages. Dès lors qualifiés en Finale B, Louis Chamorand et Téo Rayet n’avaient plus rien à perdre face à des équipages croates et italiens plus expérimentés. Ils étaient donc les premiers à s’élancer dimanche sur le lac Paola. Le duo français a pris les devants sur les autres paires engagées à ses côtés, franchissant au bout du compte la ligne d’arrivée en premier avec une bonne longueur d’avance sur ses adversaires. «Sur ce week-end on a pu essayer une stratégie différente sur chaque course» commentait Louis Chamorand avant d’ajouter «Nous avons trouvé de nouveaux repères, vu nos points forts et nos points faibles et notre niveau à l’international. L’objectif de la saison internationale n’est pas cette Coupe du Monde mais bien les mondiaux U23 de Racice». Il reste donc un mois au deux sans barreur tricolore pour peaufiner les derniers réglages avant cette échéance mondiale programmée du 7 au 11 juillet en République Tchèque.
Il devra maintenant assumer un nouveau statut : celui de favori. Louis Chamorand devrait retrouver lors de ce rendez-vous 6 autres Aixois également en équipe de France, à savoir le vice-champion d’Europe en titre Baptiste Savaete, Juliette Neyrat, Émilie Mouchet, Lucine Ahyi, Yoann Lamiral et Nicolas Armenjon.
Une victoire au goût amer pour Jérôme Hamelin
Après un stage national prometteur et comptant plusieurs incursions dans l’équipage paralympique du quatre avec barreur, le médaillé de bronze des derniers Mondiaux indoor s’apprêtait à vivre un week-end décisif qui devait voir la DTN déterminer l’équipage qui s’envolera pour Tokyo en août prochain.
«J’aborde cette compétition avec un peu de pression mais surtout l’envie de donner le maximum ! Ce sera la seule et unique chance pour moi de prouver mon potentiel et décrocher le billet pour Tokyo. Je crois en ma chance» avait annoncé l’Aixois quelques jours avant le début de sa compétition.
Clairement positionné comme remplaçant du quatre avec barreur paralympique, la DTN avait fait le choix de faire courir le quatre avec barreur deux fois dans le week-end avec deux compostions différentes. Le principal changement étant l’entrée du Savoyard dans le bateau pour la course du dimanche. Vainqueur le samedi, l’équipage tricolore s’imposa également le dimanche. Mais surprise, deux secondes moins rapide c’est pourtant la composition du samedi, privilégiée par la Fédération française depuis plusieurs mois, qui devrait être retenue pour les Jeux cet été. De quoi provoquer la colère de Stéphane Bichet, le président aixois également élu à la Ligue Auvergne Rhône-Alpes, déclarant haut et fort « Belle victoire de Jérôme Hamelin. Il est néanmoins regrettable que les deux équipages, celui du samedi et celui du dimanche n’aient pas eu les mêmes chances. L’entraînement lors du dernier stage national a été presque uniquement réalisé avec la composition du samedi. On peut, dès lors, se poser la question de l’équité sportive d’un tel choix, surtout lorsque cela engendre une sélection ou non pour les Jeux ». La décision finale devrait être communiquée dans les jours à venir par la Fédération française d’aviron.