Une décision de l’Etat met l’ADMR en difficulté

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Alors que l'Etat refuse de cumuler deux mesures financières auxquelles les salariés des Ehpad gérés par l'ADMR sont éligibles, l'association comble en partie le manque. Une situation problématique pour les employés, dont les salaires sont amputés de 183€, et intenable financièrement pour l'ADMR d'Entrelacs.

«Cette situation ne peut plus durer. Nous sommes en train de nous ruiner, dans quelques mois nous serons en faillite», alerte Dominique Clément, président de l'ADMR (aide à domicile en milieu rural) d'Entrelacs.

En Savoie, l'ADMR gère deux Ehpad de 20 places, le premier à Entrelacs, le second à Aiton, employant chacun environ 17 salariés. En France, très peu de maisons de retraite sont administrées par cette association, dont l'activité principale reste l'aide à domicile. Toutes sont confrontées à la même difficulté depuis l'automne dernier.

En 2020, l'Etat décide une revalorisation de 183€ nets au sein des Ehpad publics et privés associatifs dans le cadre du Ségur de la santé. En parallèle, le 1er octobre 2021, l'avenant 43 à la convention collective de la branche associative de l'aide à domicile procède à une revalorisation des salaires, ce qui n'était pas arrivé depuis 12 ans ! Les salariés des Ehpad de l'ADMR touchaient ainsi entre 400€ et 500€ de moins que leurs homologues des secteurs public et privé... «Les financeurs, le Département, l'Etat, les syndicats de salariés et d'employeurs, se sont enfin mis d'accord et ont décidé de rattraper le retard pris depuis 12 ans. Soit une augmentation comprise entre 250€ et 500€ selon le diplôme et l'ancienneté», indique Dominique Clément.

Si les aides à domicile sont financées par le Département, les salariés des Ehpad de l'ADMR le sont par l'Etat indirectement. L'argent, issu des cotisations salariales du lundi de Pentecôte, transite par de nombreuses instances : la sécurité sociale, la Caisse nationale de solidarité, les Agences régionales de santé*, et enfin l'ADMR. «Le Département finance cette revalorisation depuis le 1er octobre 2021, mais l'Etat ne respecte pas l'avenant 43, refusant de financer à la fois la hausse consécutive au Ségur et celle actée par la convention collective», dénonce Dominique Clément.

«Il nous manque 80.000€ par an pour reverser à la fois la prime Ségur et la revalorisation décidée par l'avenant 43»

L'ADMR a donc décidé d'arrêter de payer la prime Ségur à ses salariés d'Ehpad, lui préférant la revalorisation salariale prévue par l'avenant 43, «plus favorable». Dominique Clément reconnaît que les salariés sont tout de même lésés de 183€... «Aujourd'hui, l'association dépense plus que ce qu'on lui donne. Nous n'en avons pas les moyens. Il nous manque 80.000€ par an pour reverser à la fois la prime Ségur et la revalorisation décidée par l'avenant 43.»

Dominique Clément a interpellé les députées savoyardes Typhanie Degois et Emilie Bonnivard. Toutes deux ont écrit à la ministre chargée de l'Autonomie, Brigitte Bourguignon. «J'échange avec son équipe», corrobore Typhanie Degois (LREM). Pour l'heure, «la demande est en cours d'étude en vue de trouver une solution». Mais la parlementaire n'a pas l'intention de relâcher la pression. Elle a de nouveau écrit à la ministre ce lundi. Les deux sénateurs savoyards Martine Berthet et Cédric Vial ont également été informés de la situation. «Le problème, c'est la remise en cause de la parole publique», estime Typhanie Degois. La députée fait à la fois référence au désir du gouvernement de récompenser le travail du personnel soignant mis en lumière lors de la crise sanitaire et à la nécessité de pallier le manque de personnel dans les Ehpad, secteur qui ne cesse de défrayer la chronique. «On ne fait pas en sorte que la profession soit attractive», remarque-t-elle.

Ailleurs en France, d'autres parlementaires se sont saisi de la question, mais le fait que la situation ne concerne que peu d'établissements ne plaide pas en leur faveur... Pour sa part, Dominique Clément envisage des actions coups de poing pour faire entendre sa voix.

*Interrogée, l'Agence régionale de santé n'a pas répondu à nos sollicitations.

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