Une histoire de remparts…
A l’heure où les projets d’urbanisme se multiplient en transformant, parfois de manière importante, le paysage de la ville, regarder le passé peut permettre une approche respectueuse du patrimoine.
Rumilly ne possède sans doute pas de «grands» monuments, de quartiers anciens préservés. Mais la ville est riche de nombreuses «petites» traces de son histoire, qu’il faut parfois avoir la patience, et la curiosité, de découvrir.
Et si les remparts de la ville, comme le château, ont subi les outrages du temps, et la colère des troupes de Louis XIII, leur souvenir n’en reste pas moins inscrit dans les murs des maisons du centre ville.
En parcourant une étude archéologique commandée il y a quelques années par la municipalité, le groupe des «Amis des Tours et de la rue Montpellaz» en a tiré quelques éléments qui montrent qu’une «vigilance particulière s’impose à l’égard de projets de travaux». Quelques extraits de cette étude.
Un fort potentiel
«La ville actuelle se développe autour d’un noyau urbain dont les origines remontent au Moyen-âge. Ce noyau était ceinturé de remparts aujourd’hui englobés dans les constructions. L’étude visait à apporter des informations inédites sur les fortifications urbaines, à recenser les vestiges attribuables aux fortifications.
Malgré cette étude, d’autres vestiges restent difficilement compréhensibles et nécessiteraient une étude archéologique.
Un travail de prospection est indispensable dans le cadre d’une politique de protection et de mise en valeur de ces vestiges. Si l’ensemble du centre historique se situe dans un périmètre de protection, peu d’éléments sont mis en valeur alors que Rumilly semble receler un fort potentiel patrimonial […]
Rumilly recèle encore de nombreux édifices d’intérêt patrimonial significatif, liés à l’histoire savoyarde, les fortifications de la ville sont mal connues malgré le potentiel d’informations que recèle le patrimoine bâti actuel […] L’étude a été réalisée notamment sur les parcelles situées entre les rues Montpellaz, d’Hauteville et des Remparts, sur les parcelles représentant le plus d’intérêt patrimonial […]
Les traces d’une fréquentation du territoire de Rumilly dans l’Antiquité existent, mais elles restent rares […] Une vue perspective du Theatrum Sabaudiae* (1682) permet de voir que l’enceinte est peu occupée. Le front principal se situait au niveau de la rue des Tours. La Porte de Chambéry s’ouvrait dans l’axe de l’actuelle rue Montpellaz […]
Certaines façades masquent des constructions plus anciennes. L’alignement de plusieurs façades de bâtiments du côté des cours d’eau semble indiquer la position des remparts, ou encore entre la rue des remparts et la rue Montpellaz ».
L’histoire de la ville
tend à disparaitre
Dans une politique de conservation des monuments historiques, l’espace qui les entoure est indissociable des monuments eux-mêmes. Toute modification de cet espace a des conséquences sur la perception et la conservation des monuments. A ce titre, une vigilance particulière s’impose à l’égard des projets de travaux dans leur environnement.
La loi du 25/02/1943 instaure l’avis de l’architecte des Bâtiments de France sur toute demande d’autorisation de travaux à l’intérieur d’un périmètre de protection autour des monuments historiques.
Les périmètres de protection correspondent aux espaces situés à moins de 500 mètres de tous points bâtis du monument historique. Ils sont créés dès lors qu’un bâtiment est protégé (classé ou inscrit) au titre des monuments historiques.
Ils peuvent prohiber toute construction nouvelle aux abords du monument. Avis non obligatoire quand il n’existe pas de relation visuelle entre le monument historique et le lieu des travaux.
L’église Sainte Agathe de Rumilly est aujourd’hui un édifice inscrit bénéficiant de ce périmètre de protection d’un rayon de 500 mètres.
Celui-ci englobe l’ensemble du centre historique ainsi qu’une large partie des quartiers situés au-delà de la Néphaz et du Chéran. Si les façades sur rue font l’objet de travaux de rénovation respectant cette législation, les cours intérieures, les façades arrières des bâtiments ou les espaces intérieurs des immeubles ne semblent pas bénéficier de cette politique de conservation et de protection. Or l’histoire de la ville, encore inscrite aujourd’hui dans les constructions anciennes du centre historique, tend à disparaitre progressivement sans la mise en place d’une surveillance de travaux […] Malheureusement, beaucoup de ces constructions sont encore aujourd’hui malmenées ».
A suivre…
*Le Theatrum Sabaudiae est une représentation iconographique et cartographique des Etats de la maison de Savoie réalisée au cours du XVIIe siècle. Il a été publié en 1682.