Une mairie vide, c’est possible ?
On ne peut pas dire que, sur le Pays d’Alby, le paysage politique ait été bousculé par les dernières élections municipales. En effet, sur les onze communes que comprend l’ex-Communauté de communes du Pays d’Alby, aujourd’hui rattachées au Grand Annecy, neuf ont reconduit les maires sortants. Seule, la commune de Cusy a décidé le changement : l’équipe de Serge Petit a été mise en minorité par celle de la nouvelle maire Patricia Mermoz.
Reste la onzième commune : Saint Sylvestre. Et là, la situation est plutôt inédite. Aucun candidat pour le premier tour. Et aucun non plus pour le second, malgré les trois mois de réflexion qu’a imposés le confinement.
Démocratie en panne ?
Un casse-tête pour le maire sortant, Pierre Froehlig qui, après trois mandats municipaux dont un comme premier adjoint et le dernier comme premier magistrat, a choisi de ne pas se représenter. Et surtout une incompréhension. Car, même si la configuration de ce village d’un peu plus de 600 habitants, avec sa dizaine de hameaux répartis autour de la colline qui domine le paysage, son chef-lieu qui ne comprend quasiment que l’église, la mairie et l’école, ne favorise pas la cohésion ni les rencontres entre les « sylvestrins », rien ne permet d’expliquer cette désaffection face aux enjeux de la commune. Et dans un village où la population est plutôt jeune, on aurait pu imaginer un sursaut au moins au deuxième tour des élections. Aujourd’hui, même si un embryon de liste avait été envisagé à un moment, aucun remous parmi les personnes en âge d’être candidats.
« Je ne comprends pas pourquoi ! », se désole le maire sortant pour qui cette situation interroge quant à la vie démocratique. Peut-être, selon lui, une évolution des populations. Car, depuis une quarantaine d’années, le nombre d’habitants à quasiment doublé sur la commune. Et les nouveaux venus, surtout arrivés dans les quinze dernières années, n’ont assurément pas le même attachement au « terroir » communal. Beaucoup, la plupart, travaillent à l’extérieur d’un village où ils ont trouvé, dans un habitat suffisamment dispersé, sans être trop éloignés des avantages de la ville, les éléments d’une vie agréable et paisible.
Trop paisible sans doute. Car, dans cette commune où la moitié des habitants ont entre 30 et 60 ans, la dette par tête est faible (24€ contre 621 € pour la moyenne des communes de ce type), les impôts locaux plutôt inférieurs à d’autres, le taux de chômage lui aussi contenu. A se demander si cette situation pour le moins confortable dans un cadre lui aussi « sylvestre » ne cantonne pas les villageois dans une certaine torpeur peu propice à l’engagement…
Regroupement de communes
Bref ! On peut tenter toutes les analyses possibles, cela ne change pas une situation unique en Haute-Savoie. Dans deux semaines, après le second tour des élections, la commune va être placée provisoirement sous l’autorité d’une délégation de trois personnes chargées par le Préfet de la Haute-Savoie de gérer les affaires courantes. Et de tenter d’organiser, quand même, des élections dans un délai de trois mois.
Mais dès la fin du mois de septembre, si rien ne s’est passé d’ici là, la commune sera automatiquement, autoritairement et définitivement rattachée à sa voisine la plus importante. Sans espoir de revenir à la situation antérieure.
Ce qui signifie que « Saint Sylvestre », si le nom est quand même conservé, ne sera plus qu’un hameau d’Alby-sur-Chéran. Un regroupement de communes automatique que la plupart des habitants ne souhaitent pourtant pas. Le maire d’Alby-sur-Chéran deviendra, de facto, celui de ce nouvel « amalgame ».
A moins que, l’été aidant, une liste se constitue. Mais il est vrai que, dans ces conditions, trouver quinze noms n’est pas forcément chose facile. Comme n’est pas toujours facile l’usage de la démocratie…