Une placette en l’honneur de Robert Gachet
Mercredi dernier, une nouvelle petite place aixoise a été inaugurée dans le quartier des bords du lac, à l'angle du boulevard Garibaldi et de l'allée promenade dans un joli petit coin de verdure derrière les habitations, en l'honneur de l'Aixois Robert Gachet qui a fait preuve d'une grande bravoure et d'un dévouement exemplaire durant la Seconde guerre mondiale en aidant des familles juives à échapper au pire. Le dévoilement de la plaque s'est déroulée en présence du maire et d'élus, de représentants du culte israélite et d'associations patriotiques et surtout des cinq enfants de Robert Gachet, son fils aîné Michel ainsi que Claude, Françoise, Pierre et Isabelle, ses petits-enfants, arrière-petits-enfants et autres membres de la famille. L'occasion de lui rendre un bel hommage.
Plus qu'un simple résistant
Robert Gachet est né le 14 juin 1918 et s’est éteint le 12 juillet 2013. Cet expert-comptable habitant Aix-les-Bains, qui travaillait pour une compagnie d'assurance, était dans la Résistance, responsable de la région d'Aix-les-Bains. Mais il aidait aussi les Juifs. Grâce à son ami Louis Pugeat, fonctionnaire municipal, il obtenait de faux papiers, des cartes d'alimentation et des permis de travail. Il avait l'habitude de s'installer dans des cafés fréquentés par les soldats allemands pour écouter leurs conversations, d’où il tirait de précieuses informations. Il apprenait notamment des détails sur les rafles prévues et les transmettait immédiatement aux Juifs qu'il connaissait. Robert Gachet informait également des jeunes sur le point d'être appelés pour le service du travail obligatoire (STO). Il était en contact avec plusieurs passeurs de la région d'Annemasse qui se chargeaient, moyennant finances, de faire franchir la frontière suisse. C'est ainsi qu'il a sauvé plusieurs familles juives. En novembre 1943, il remit à Roger Kelner sa propre carte d'identité, après avoir mis la photo de ce dernier à la place de la sienne. En 1944, la jeune Anne Grinbaum-Ayache réussit grâce aux faux-papiers qu’il lui avait fournis à passer en Suisse avec sa famille. Résistante, cette jeune fille de dix-neuf ans, recherchée par la Gestapo, devait quitter la France d'urgence. Contrôlée à la frontière, sa carte d'identité éveilla les soupçons. Robert Gachet, qui l'accompagnait, n'hésita pas à menacer le policier de représailles après la Libération s'il faisait des ennuis à la famille. Le policier laissa passer les Grinbaum malgré ses doutes et ne dénonça pas Robert Gachet. Ce dernier avait une fois de plus prit un risque énorme pour aider des réfugiés, lesquels, dans la plupart des cas, étaient Juifs. Le 5 mars 1989, l'institut Yad Vashem de Jérusalem a décerné à Robert Gachet le titre de «Juste parmi les Nations».
Qui sont les Justes ?
Les personnes reconnues «Justes parmi les Nations» reçoivent de Yad Vashem un diplôme d'honneur ainsi qu'une médaille sur laquelle est gravée cette phrase du Talmud : «Quiconque sauve une vie sauve l'univers tout entier». Il s’agit de la plus haute distinction civile de l’État d’Israël. Au 1er janvier 2019, le titre avait été décerné à 27 362 personnes à travers le monde, dont 4 099 en France. Cependant le livre des Justes ne sera jamais fermé car nombreux sont ceux qui resteront anonymes faute de témoignages. Reconnus ou non, ils incarnent le meilleur de l'humanité. En effet, tous ont considéré n'avoir rien fait d'autre que leur devoir d'homme. Ils serviront de phares et de modèles aux nouvelles générations.
Plus d'infos : www.yadvashem-france.org