Violence ? Quelle violence ?
Pas facile, cette semaine encore, de garder le moral ! Déjà, l’annonce de la mort d’Anne Sylvestre m’a fait quelque chose, même si son âge l’autorisait bien à quitter ce monde. Anne Sylvestre, c’est (c’était) quelqu’un qui m’a accompagnée quasiment depuis ma naissance. Presqu’une seconde mère. Petite, j’étais « accro » aux « Fabulettes » et hurlait à tue-tête les chansons de la « Petite Josette ». Plus tard, dès l’adolescence, ses chansons engagées (même si elle détestait ce qualificatif !) m’ont aidée à avancer vers l’âge adulte en ouvrant mon esprit aux grandes questions qui agitent notre société : le féminisme, bien sûr, mais aussi, la misère, la nature, etc., etc. Quand cela vient après le mauvais temps, le froid qui arrive, les salles de spectacle et de cinéma qui ne sont toujours pas sûres d’ouvrir, la menace lancée par certains oiseaux de mauvais augure d’une troisième vague de contaminations, etc., ça donne un sérieux coup de blues. D’autant qu’il ya une chose qui commence à vraiment nous manquer, me manquer en tout cas. Ce sont les bistrots. Attention ! N’allez pas croire que je sois un pilier de bar ! Ma passion pour les bistrots est bien au-dessus de la consommation alcoolique, je crois que je m’en suis déjà expliquée il ya quelques temps. Non ! Pour moi, le bar, c’est à la fois un refuge et un extraordinaire lieu de convivialité.
Où peut-on, pour 1,40 €, le prix d’un café, rester tranquillement assise au chaud, le temps qu’on veut, sans (dans les « vrais » bistrots !) qu’on vienne vous dire de renouveler la consommation ou de partir ? Où est-ce qu’on sait vous donner ainsi le temps de lire, de discuter, d’écrire, ou de…. ne rien faire ?
Les bistrots, ce sont des commerces de première nécessité. Et j’en ai fait la cruelle expérience cette semaine. Je devais conduire ma fille à un rendez-vous, pendant que mon mari repartait en voiture chercher je ne sais quoi. On avait tous rendez-vous à heure et lieu précis pour rentrer à la maison. Ma fille était au chaud chez le dentiste, mon mari dans la voiture. Et moi ? Après une rapide visite d’un magasin que j’ai dû quitter rapport à l’heure de fermeture, je me suis trouvée dans la rue, sous la pluie froide de novembre. Et là, j’ai vraiment regretté qu’aucune table de bistrot ne puisse recueillir ma détresse passagère. Et j’ai mesuré l’importance de leur rôle social.
Le bistrot, c’est un refuge qui nous manque. J’en veux pour preuve le témoignage d’un monsieur qui m’a écrit sur ma boîte mail (il y en a !). Pendant le mois de novembre où les déplacements personnels étaient limités à un kilomètre, il avait beaucoup de difficulté à retrouver son amie (de cœur, je suppose !) qui habite au-delà de cette limite. Tous deux avaient donc décidé de se retrouver, comme deux adolescents cachant leur amour, dans un supermarché à mi-chemin. Moins glamour que la table d’un café. Mais il faut bien s’adapter.
Alors, on attend avec impatience la fin janvier pour que les bistrots, en tout cas, ceux qui auront résisté aux deux confinements, remettent en marche la machine à café. Mais tout cela semble encore bien loin, alors qu’on aimerait se poser devant un vin chaud, peut-être.
« Anne ma sœur Anne ! Ne vois-tu rien venir ? »
Lady Marianne
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