Violences conjugales : le point en Haute-Savoie
Là où le confinement peut être vécu par certains comme un temps de retrouvailles en familles, certaines personnes se retrouvent au contraire enfermées avec leur bourreau.
Cette période constitue en effet un facteur aggravant pour les femmes victimes de violences conjugales et leurs enfants, en particulier lorsqu’elles sont confinées avec leurs agresseurs. Les services de l’État sont donc particulièrement mobilisés pour lutter contre ce fléau et venir en aide aux victimes.
Le commissariat de police d’Annecy a ainsi pu présenter un doublement du nombre d’interventions pour violences conjugales pendant les deux confinements mais pas du nombre de procédures ouvertes ou plaintes déposées, ce qui montre que cette réticence existe toujours.
Le point sur les violences conjugales
En 2019 , 173 décès consécutifs à des violences dans le couple ont été décomptés au niveau national. 146 décès concernent des femmes contre 118 en 2018 (+14%). 25 enfants sont décédés dans la sphère familiale.
La région Auvergne-Rhône-Alpes comptabilise 16 victimes. Les départements les plus concernés sont ceux du Rhône (5 victimes), de l’Isère (4 victimes) et de la Haute-Savoie (3 victimes).
En moyenne, on estime que 213 000 femmes de 18 à 75 ans sont victimes de violences physiques et/ou sexuelles au cours d’une année, commises par leur conjoint ou ex-conjoint. Parmi ces victimes, seulement 18% déclarent avoir déposé une plainte.
Pourquoi les victimes ne portent pas plainte
Plusieurs facteurs poussent les victimes à ne pas porter plainte contre l’auteur des violences. Le premier, c’est la peur de la procédure pénale. En effet, s’il est relativement aisé de déposer une main courante ou porter plainte, la procédure pénale qui s’ensuit est généralement perçue comme longue et coûteuse.
Un autre point important est que le bourreau est le partenaire de vie dans ce cadre de violences. Il peut donc être difficile de porter plainte contre la personne avec qui on a construit des projets, eu des enfants ou effectué des achats immobiliers par exemple.
En effet, la procédure demande d’ouvrir toute son intimité et axa vie privée à des personnes étrangères, ce qui peut être difficile. De plus, le cycle des violences fait que la victime se retourne souvent sous un lien d’emprise qui lui laissera des blessures psychologiques.
Enfin, certaines personnes ont des difficultés à se considérer comme des victimes. Cela peut être lié à la stigmatisation qui accompagne les victimes de violences conjugales ou à la difficulté d’accepter le fait de ne pas avoir su se protéger soi-même ou ses enfants.
Les dispositifs de lutte contre les violences faites aux femmes pendant le confinement
Si les femmes se sentent en danger, elles peuvent quitter leur domicile avec leurs enfants à tout moment, sans attestation. Les forces de l’ordre ont été formées à ces situations d’urgence.
Les différents associations d’aides aux victimes de violences maintiennent leurs permanences, que ce soit en présence physique ou par téléphone.
Les actions de lutte contre le système prostiutionnel et d’accompagnement des personnes prostituées sont elles aussi maintenues.
Concernant les droits en matière de santé sexuelle et reproductive, un arrêté prévoit l’allongement de la période durant laquelle l’IVG peut être effectuée (pendant le confinement), ainsi que la possibilité de se voir délivrer des contraceptifs même lorsque la date de validité de l’ordonnance est dépassée.
Enfin, la région a renforcé l’hébergement et les logement des femmes victimes avec plus de 400 places dédiées et 1000 places non-dédiées mais vers lesquelles elle peuvent être orientées.
L’ISPG, interface entre les forces de l’ordre et les victimes
Les Intervenants Sociaux en commissariat de Police et de Gendarmerie (ISPG) accueillent, écoutent et informes les personnes reçues sur leurs droits, identifient les besoins et orientent en fonction.
Leurs interventions permettent de répondre à des besoins qui échappent aux services sociaux tout en répondant en temps réel, souvent en situation de crise et/ou d’urgence.
Il existe trois postes en
Haute-Savoie, sur trois secteurs différents :
Annecy/Rumilly,
Annemasse,
Bonneville/Cluses.