Violences contre les gendarmes de Rumilly : prison ferme pour 4 jeunes
Suite à la mort du jeune Nahel, touché par un tir de policier le 27 juin à Nanterre, des violences urbaines ont éclaté partout en France. A Rumilly, des émeutes ont eu lieu durant le week-end du 30 juin au 2 juillet. Le vendredi dans la soirée, la gendarmerie et les militaires étaient visés par plusieurs attaques de tirs de mortiers d’artifice. Le samedi dans la nuit, les logements des gendarmes étaient également pris pour cible, par des tirs de mortiers d’artifice et de cocktails Molotov, traumatisant conjoint(e)s et enfants.
Des peines de 1 an à 30 mois d’emprisonnement
Sept personnes ont depuis été interpellées grâce à une enquête de la gendarmerie de Haute- Savoie. Lundi 17 juillet, quatre individus âgés de 19 à 22 ans ont été jugés en comparution immédiate au tribunal correctionnel d’Annecy, après avoir été placés en détention provisoire. Ces jeunes, ayant vécu ou vivant encore à Rumilly, ont été condamnés à de la prison ferme allant de 1 an à 30 mois d’emprisonnement. Trois ont été poursuivis pour complicité de violences par fourniture de moyens «pour s’être procuré des mortiers d’artifice qui ont servi à l’attaque de la gendarmerie et des gendarmes. Rien ne prouve qu’ils les ont utilisés mais tout prouve qu’ils les ont achetés» informe Line Bonnet, procureure de la République d’Annecy, précisant qu’«ils ont été poursuivis pour ce dont on est certains, à savoir la complicité par fourniture de moyens». Deux d’entre eux ont été condamnés à deux ans d’emprisonnement dont 6 mois avec sursis probatoire, soit 18 mois fermes. Le troisième, qui avait un casier judiciaire, a été condamné à 30 mois dont 6 avec sursis probatoire, soit deux ans fermes. «La complicité est punie de la même façon que lorsqu’on est auteur principal» souligne la procureure. Le quatrième a été poursuivi pour participation à un attroupement et condamné à une peine d’un an d’emprisonnement. «Il a été identifié sur les réseaux sociaux pour avoir diffusé sur son compte Snapchat des photos et vidéos des violences commises. Un certain nombre d’éléments ont été trouvés sur son téléphone : ces images qu’il prétend avoir reçues et non prises, ainsi que des échanges sms pouvant laisser entendre qu’il avait acheté des mortiers, mais il dit avoir prêté son téléphone à quelqu’un. Le tribunal l’a relaxé pour la complicité de violences mais l’a déclaré coupable pour la participation à un attroupement car il est clairement identifié au moment des émeutes».
«Un travail d’enquête au long cours»
La procureure explique que «c’est un travail d’enquête au long cours, uniquement basé sur du judiciaire pur» qui a permis de remonter jusqu’aux trois individus condamnés pour complicité de violences, «avec recherche d’ADN et d’empreintes papillaires sur tous les projectiles lancés et sur un carton découvert vide ayant servi à transporter des mortiers d’artifice. Au début, il n’y avait quasiment pas d’éléments. Les jeunes étaient masqués et cagoulés». Tous ont reconnu être montés à bord de la voiture transportant les mortiers d’artifice et avoir acheté les projectiles mais ont expliqué que c’était «sans intention de les utiliser et surtout pas pour commettre des violences, c’était pour rendre service».
Des gendarmes et leurs familles toujours choqués
20 gendarmes étaient présents à l’audience et 46 personnes se sont constituées partie civile. «Les gendarmes sont toujours très choqués de la situation, c’était clairement une attaque dirigée contre eux. C’est assez traumatisant, surtout pour les familles qui ont aujourd’hui toujours la crainte de se faire attaquer en pleine nuit. Une attaque sur des logements, cela n’a rien de neutre et laisse des traces sur le long terme» rapporte le chef d’escadron Marlène Gillet, commandant de la compagnie de gendarmerie départementale d’Annecy. Depuis, aucun phénomène de violences n’a été constaté dans la ville, «Nous avons largement renforcé notre présence sur le terrain». Les gendarmes attaqués et leurs familles constituées partie civile recevront des dommages et intérêts, soit un montant total de plus de 50 000 euros que devront leur verser les condamnés dans le cadre de leur sursis probatoire.
Selon la procureure, il n’y avait aucun caractère spontané dans ces attaques mais une volonté délibérée de s’en prendre à la gendarmerie et aux logements des familles : «Le dispositif de protection, mis en place avec de gros effectifs en patrouille durant la soirée du samedi, a été levé à 2h car c’était calme, et l’attaque a démarré à 2h05. Il semble donc évident qu’ils attendaient la levée du dispositif».
Christian Heison, maire de Rumilly, a réagi au lendemain de la condamnation des quatre individus via un communiqué dans lequel il «félicite la rapidité avec laquelle les enquêteurs ont su identifier et incriminer les auteurs de ces faits. En effet, menant dans un premier temps à leur interpellation et à leur comparution devant la justice, les jugements rendus le 17 juillet dernier démontrent la qualité de leur travail, la célérité et la rapidité de la réponse pénale». Le maire remercie «l’ensemble des acteurs de la chaîne pénale et leur réaffirme son soutien dans l’exercice de leurs missions.»