Voyage au bout des ennuis

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Avant tout, je précise ! Je suis attachée – et même accrochée solidement ! – à la défense du service public. Et je suis révoltée à chaque fois (et c’est souvent) que les réformes considérées comme indispensables par nos chers dirigeants, bradent nos services pour les offrir généreusement au secteur privé. 
Mais là, comme disent mes enfants, «j’ai les boules». 
Je vous raconte. La semaine dernière, le jour de la foire de Rumilly, je devais partir, le dimanche soir, à Grenoble. Plutôt que de prendre toute seule ma voiture et d’en rajouter à la diffusion de gaz à effet de serre, j’ai choisi de prendre le train. Depuis Rumilly. 
Je reconnais que j’aurais dû anticiper un peu plus : arriver à la gare un jour de foire, c’est un peu compliqué. En tout cas, ça prend plus de temps que d’habitude. Je suis donc arrivée à la gare quelques minutes à peine avant le départ du train. Bien évidemment, pas de guichet, juste une borne automatique pour prendre son billet. En principe, ça aurait dû marcher sans problème, même si le temps était compté.
Le problème, c’est que je n’étais pas la seule à être un peu en retard : quatre personnes avant moi devant la machine. Dont une un peu lente, il faut bien le dire. Mais on n’est pas tous des experts en la matière et sa carte bancaire lui causait quelques problèmes. Bref, le train était sur le point de partir et je n’avais toujours pas de billet.
Je suis donc montée dans le wagon en me disant que j’allais expliquer la situation au contrôleur qui ne manquerait certainement pas de me fournir le précieux ticket. Il m’a fallu un moment pour trouver ce monsieur à casquette à qui j’ai raconté ma mésaventure. 
Il faut croire que j’avais un air coupable. Ou que le contrôleur avait mal dormi la nuit précédente. Ou qu’il a des consignes très strictes. Il n’a rien voulu entendre et j’ai dû payer non seulement le prix de mon voyage, ce qui est normal évidemment, mais aussi une amende. Moi qui suis l’honnêteté même !
Vous comprenez que j’aie «les boules»… 
Je ne vais pas pleurer sur mon sort, je m’en remettrai de ce «voyage au bout des ennuis». Mais, en plus de donner à tous, moi comprise, l’envie de se la jouer individuel dans sa voiture, ça met à nouveau l’accent sur le mauvais fonctionnement du service que l’on dit public. 
J’ai le souvenir d’une époque où on achetait son billet de train au guichet et où, quand le temps manquait, on nous donnait un papier prouvant au contrôleur que l’on était de bonne foi. Aujourd’hui, comment la prouver, cette bonne foi que seule une machine peut apprécier ?
On ferme le guichet de la gare de Rumilly, ça ne va pas arranger les choses. Sans tomber dans un passéisme un peu débile et surtout inutile, je regrette, je regrette beaucoup ce temps béni où on avait devant soi, pour les choses de la vie, des personnes en chair et en os, avec qui parler.
Mais sans doute, ce n’est plus possible à l’heure des opérations dématérialisées. Et surtout déshumanisées.

Lady Marianne

Pour m’écrire, c’est sur ladymarianne74@orange.fr

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