ZFE : ces près de 600 000€ d’études qui font s’étrangler les élus
Une partie de Grand Lac est concernée par l'instauration de Zones à faibles émissions. Avant de se déterminer sur les conditions d'une possible mise en place, une étude doit être conduite par Métropole Savoie. Son coût ne passe pas du tout. Et le sujet, sur le fond, est tout aussi clivant.
Si le débat d'orientation budgétaire n'a suscité aucun émoi de la part des élus communautaires, y compris d'opposition, en ce mardi 12 novembre, il est un autre sujet qui a fait l'objet de beaucoup de commentaires et de contestations, au point de rassembler dix absentions. Abstentions, pas de votes contre...
Ce fameux sujet concerne la mise en place de la Zone à faibles émissions (ZFE) dans les agglomérations de plus de 150 000 habitants au plus tard le 31 décembre 2024. Et il se trouve, qu'au sens défini par l'Insee, cette ZFE concerne une partie de Grand Lac (les 17 communes de l'ex-Calb), de Grand Chambéry et de Cœur de Savoie, ces trois intercommunalités constituant le périmètre du syndicat mixte Métropole Savoie.
Pour rappel, la ZFE consiste à limiter la circulation des véhicules les plus polluants dans un périmètre défini et selon des plages horaires déterminées, par décision des collectivités concernées. Mais une étude doit préfigurer sa mise en place. C'est là le hic, elle coûte la bagatelle de 583 316€, financée à hauteur de 181 944€ par Grand Lac, proportionnellement à sa population.
« On va financer la corde qui va nous pendre »
« Le montant de l'étude me gêne profondément. On passe notre temps à dépenser de l'argent à dresser des plans. S'il était employé à aider les gens à acheter des voitures moins polluantes, on serait plus efficaces », s'énerve Julie Novelli, maire de La Biolle. Le conseiller d'opposition, André Gimenez, ajoute que ladite étude doit s'appuyer sur l'enquête mobilités de Métropole Savoie qui a déjà coûté 200 000€... « Cette étude n'est pas utile, nous en connaissons déjà les conclusions, simplement on ne les applique pas. On sait qu'il faut baisser la vitesse et réduire la circulation en centre-ville », soupire le conseiller d'opposition à la fibre verte, Daniel Carde. « On s'intéresse aux véhicules, pas à l'usage ; c'est une bombe sociale », juge Nicolas Mercat, maire du Bourget-du-Lac, très à la pointe sur ces sujets. Il complète son propos en exhortant à davantage s'intéresser « au chauffage au bois et cheminées de mauvaise qualité ».
Le fond comme la forme sont donc contestés par l'assemblée. « Nos concitoyens sont très réticents sur le sujet. On va financer la corde qui va nous pendre », estime le maire de Brison-Saint-Innocent, Jean-Claude Croze. « Certes, il faut faire quelque chose, mais ne pas pénaliser ceux qui n'ont pas d'argent », ajoute André Gimenez. Pour sa part, Nicolas Jacquier, le maire de Drumettaz-Clarafond, est persuadé que le plan « n'aboutira pas ».
Une pression des autres agglomérations
Quelque peu gêné, le vice-président aux déplacements, Florian Maitre, semble partager ces points de vue, mais précise qu'il s'agit d'une obligation. Il rappelle que les maires auront le dernier mot an matière d'application de la ZFE sur leur commune et propose de se concentrer davantage sur le dernier kilomètre des poids lourds que sur l'exclusion de certains véhicules légers.
Le président de Grand Lac et maire d'Aix-les-Bains, Renaud Beretti, se dit « sceptique sur cette mesure bureaucratique punitive » mais subit « une pression nationale et locale avec des collègues d'autres agglomérations insistants sur cette démarche ». Il tempère en disant que les décisions qui émaneront à l'issue de l'étude seront prises à partir d'éléments étayés. « On ne peut pas laisser nos voisins mener cette étude sans porter notre point de vue. S'ils prennent des décisions, nous serons tous impactés », conclut Marie-Claire Barbier, maire de Chindrieux.